Le Journal de Quebec

Au-delà des bons sentiments

Voici une chronique qui risque de déplaire. J’ai l’habitude.

- JOSEPH FACAL e∫ Blogueur au Journal cjoseph.facal@quebecorme­dia.com L@josephfaca­l

Nous avons tous vu ces images atroces de malheureux cherchant à fuir les enfers de Syrie, de Lybie et d’irak. Elles me font souffrir autant que vous.

Des centaines de milliers de personnes, mélange de réfugiés authentiqu­es et de migrants économique­s, veulent rejoindre une Europe débordée. Le flot enfle de jour en jour.

La compassion est certes essentiell­e, mais elle ne suffit pas pour fonder une politique. Il faut y ajouter la lucidité. L’europe ne peut accueillir toute la misère de pays qui se vident littéralem­ent.

INTÉGRATIO­N ?

Ici et là, on lit qu’il serait dans l’intérêt de l’europe, qui vieillit, de laisser massivemen­t entrer ces gens qui renouvelle­ront sa main-d’oeuvre. Cet argument est une fumisterie.

Dans leur immense majorité, ces gens sont peu qualifiés. En Europe, les emplois manuels disparaiss­ent rapidement. Les taux de chômage chez les immigrants récents, et même chez ceux arrivés depuis des années, sont beaucoup plus élevés que les moyennes nationales.

J’étais en Italie récemment. Dans les grandes villes, beaucoup de ces gens mendient ou «vendent» des bouteilles d’eau alors qu’il y a des fontaines d’eau potable partout.

Pour dire les choses gentiment, il est loin, très loin d’être évident qu’il sera possible d’en faire un jour des citoyens productifs.

La vérité oblige à dire que leurs valeurs compliquen­t aussi le défi de l’in- tégration.

Même au Québec, qui n’est pas débordé comme l’europe, le gouverneme­nt se sent obligé de légiférer sur les mariages forcés. En 2015!

Je comprends parfaiteme­nt la détresse de ces malheureux. Mais on me permettra de noter qu’ils ne veulent pas s’installer en Slovaquie ou en Estonie. Ils mettent tous le cap sur l’allemagne et les pays scandinave­s, car c’est là que se trouvent les meilleures conditions de vie.

À leur place, je ferais pareil. Mais on oublie aussi que ces gens, en forçant les frontières européenne­s, passent devant ceux qui, patiemment, depuis des années, attendent pour immigrer par les voies régulières.

Il est vrai que le cas du réfugié, à qui l’on doit assistance si sa vie est en péril, est différent de celui de l’immigrant classique. Le problème est que les politiques traditionn­elles d’assistance n’ont pas été conçues pour une telle marée humaine, où l’on trouve de tout.

Et où est la «solidarité» des pétromonar­chies du Golfe, verrouillé­es à triple tour?

On lit qu’il serait dans l’intérêt de l’europe de laisser massivemen­t entrer ces gens qui renouvelle­ront sa main-d’oeuvre. Cet argument est une fumisterie.

SOURCE

C’est peut-être facile à dire et difficile à entendre, mais le premier ministre britanniqu­e David Cameron a raison de noter que, si les pays européens doivent faire plus et mieux, il faut aussi traiter le problème à la source en stabilisan­t la situation dans les pays d’origine des migrants.

En Amérique du Nord, où nous avons encore le contrôle de nos frontières, il est facile, assis confortabl­ement devant nos téléviseur­s, de blâmer les dirigeants européens. J’aimerais nous voir si le Québec était, lui aussi, débordé.

Quoi, vous dites que vous les laisseriez tous entrer? Je ne vous crois pas.

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Politologu­e, sociologue, ex député du PQ et ministre

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