Le Journal de Quebec

Vin rouge et cancer : peu c’est réellement mieux

Selon une étude récente, les faibles quantités de resvératro­l retrouvées dans un seul verre de vin rouge exercent une action anticancér­euse beaucoup plus puissante que des doses plus élevées, obtenues à l’aide de supplément­s. Pour profiter des effets posi

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Le plus grand danger associé à la consommati­on d’alcool, même lorsqu’elle est modérée, est la hausse significat­ive du risque de développer plusieurs types de cancers (bouche, larynx, oesophage, côlon, foie et sein). Cependant, plusieurs études indiquent que ce risque n’est pas observé pour toutes les formes d’alcool et que les consommate­urs de vin rouge sont beaucoup moins touchés par le cancer. Par exemple, alors qu’une seule consommati­on quotidienn­e de n’importe quelle boisson alcoolisée augmente de 38 % le risque de cancer de la bouche et de 31 % le risque de cancer du foie, ces hausses disparaiss­ent presque complèteme­nt lorsque cette consommati­on est sous forme de vin rouge1.

Non seulement le vin rouge est moins cancérigèn­e, mais il pourrait même jouer un rôle dans la prévention de certains types de cancers: par exemple, la consommati­on modérée de vin rouge est associée à une réduction significat­ive du risque de cancer du poumon, tandis que le risque de ce cancer augmente chez les buveurs de bière et de spiritueux. Une réduction du risque de certains cancers (côlon, pancréas, oesophage) a également été observée chez les consommate­urs de vin rouge, alors que ces cancers sont à l’inverse augmentés chez les personnes qui consomment d’autres types de boissons alcoolisée­s. En d’autres termes, le vin rouge n’est vraiment pas une boisson alcoolisée comme les autres et sa consommati­on modérée pourrait contribuer à prévenir certains cancers.

Le Resvératro­l : L’arme secrète du vin Rouge

Le vin rouge se distingue aussi des autres boissons alcoolisée­s par son contenu élevé en resvératro­l, une hormone fabriquée par la vigne pour se protéger des agressions extérieure­s (les moisissure­s, par exemple). Située dans la peau du raisin, cette molécule est présente en abondance dans le vin rouge, car la peau est conservée pour la fermentati­on, ce qui n’est pas le cas du vin blanc. Ce resvératro­l possède une puissante action anticancér­euse et de nombreuses études ont montré que cette molécule peut empêcher le développem­ent de plusieurs types de cancers, en particulie­r celui du côlon.

Une question restée sans réponse portait sur les quantités nécessaire­s à cette action anticancér­euse du resvératro­l. Est-ce que les doses atteintes par la consommati­on modérée de vin rouge sont suffisante­s ou doit-on utiliser des supplément­s pour atteindre des doses plus élevées? Pour résoudre ce dilemme des doses efficaces, des scientifiq­ues britanniqu­es ont comparé l’effet anticancér­eux de deux doses de resvératro­l: une dose très faible, comparable à celle que l’on trouve dans un seul verre de vin rouge, et une autre 200 fois plus élevée qui ne pourrait être atteinte que par la prise de supplément­s. À première vue, on pourrait penser que c’est la dose la plus élevée qui entraînera­it les plus grands bienfaits, mais ce n’est pas du tout ce qui a été observé: la plus faible quantité de resvératro­l provoque une réduction deux fois plus importante du développem­ent des tumeurs colorectal­es et elle est deux fois plus efficace pour bloquer leur progressio­n. Un phénomène similaire a été observé chez les patients atteints d’un cancer colorectal: l’administra­tion de faibles doses de resvératro­l est associée à une plus grande pénétratio­n de la molécule dans les cellules cancéreuse­s et à une plus forte inhibition des processus impliqués dans la croissance tumorale que les doses plus fortes2.

Peu c’est mieux

Contrairem­ent à ce que l’intuition pourrait laisser croire, plusieurs études ont clairement montré que la philosophi­e du «plus il y en a, mieux c’est» ne fonctionne tout simplement pas pour l’absorption et la biodisponi­bilité sanguine et tissulaire, que ce soit avec les molécules d’origine alimentair­e ou avec les médicament­s, pour lesquels la dose thérapeuti­que est gé- néralement très précise. Par exemple, même si on sait que des substances comme le bêta-carotène, la vitamine E, le sélénium ou divers antioxydan­ts sont associés à une diminution du risque de cancer, toutes les études qui ont examiné l’effet de fortes quantités de ces molécules sous forme de supplément­s se sont avérées négatives et même associées à un risque plus élevé de mortalité.

Le vin rouge ne fait donc pas exception à cette règle: en boire de façon très modérée est non seulement absolument essentiel pour éviter les effets néfastes de l’alcool, mais aussi pour profiter de son potentiel anticancér­eux, associé à la présence de resvératro­l.

Le vin rouge n’est vraiment pas une boisson alcoolisée comme les autres etsa consommati­on modérée pourrait contribuer à prévenir certains cancers

 ??  ?? Allen NE et coll. «Moderate alcohol intake and cancer incidence in women.» J Natl Cancer Inst, 2009; 101: 296-305.
Cai H et coll. «Cancer chemopreve­ntion: Evidence of a nonlinear dose response for the protective effects of resveratro­l in humans and...
Allen NE et coll. «Moderate alcohol intake and cancer incidence in women.» J Natl Cancer Inst, 2009; 101: 296-305. Cai H et coll. «Cancer chemopreve­ntion: Evidence of a nonlinear dose response for the protective effects of resveratro­l in humans and...

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