19 000 $ pour savoir d’où vient votre homard
19 000 $ pour un portail qui permet de savoir où notre homard a été pêché
Au gouvernement, on compte une multitude de sites internet qui n’attirent pas les foules. C’est le cas d’un portail web qui permet aux amateurs de crustacés de retracer la provenance du homard qu’ils mettent dans leur assiette.
Plus de 50 millions $ ont été engloutis pour le développement et la refonte des sites web des ministères depuis quatre ans, ce qui a convaincu Philippe Couillard d’imposer un moratoire, a révélé notre Bureau parlementaire.
Les exemples pullulent dans l’appareil public.
Le ministère de l’agriculture veut promouvoir les aliments du Québec et encourager les consommateurs à acheter du homard québécois.
La facture pour la création du site Sachez le repérer! s’élève à 18 755 $. En ligne de la mi-mai au 1er août, le portail n’a pu compter que sur 7458 visiteurs l’été dernier, révèlent des documents obtenus par la CAQ en vertu de la Loi sur l’accès à l’in- formation.
CULTURALLIA
C’est tout de même plus de «clics» que ce qu’a suscité le site Culturallia du ministère de la Culture, mis en ligne pour stimuler les «alliances entre les entreprises et les organismes culturels régionaux».
La création de ce portail a coûté 50 277 $ pour un achalandage de «4536 visiteurs en moyenne par année», peut-on lire dans les documents fournis par le ministère. Le site a été en fonction deux ans, il est maintenant fermé.
DÉSAVEU DE COITEUX
Pour le député caquiste Éric Caire, c’est ce qui arrive quand il n’y a pas de pilote dans l’avion. «Tout un chacun fait ce qu’il veut au gré de ses fantaisies, ça donne des sites web loufoques pour lesquels on a payé des prix astronomiques, considérant les coupes qu’on est en train de faire dans les services en éducation, aux personnes âgées», dénoncet-il fermement.
Le site pour retracer la provenance des homards en est un exemple patent, selon le député de La Peltrie. «On n’est pas loin de 19 000 $ pour 7500 visiteurs, donc visiblement, il n’y avait pas d’intérêt», insiste-t-il.
Selon lui, le moratoire que compte décréter le premier ministre Philippe Couillard pour les nouveaux portails web est un véritable désaveu envers le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux. Sans parler du Centre des services partagés, censé gérer ce type de service. «Encore une fois, cette organisation fait l’éclatante démonstration de son inefficacité, et je suis sur le bord de dire son inutilité.»