Joyeux 50e
La journée de grève du 30 septembre annoncée par la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) marquera le cinquantième anniversaire de l’attribution du droit de grève dans le secteur public par le gouvernement Lesage.
Cinquante années de perturbations sociales et de prises des citoyens pour otages, à chaque ronde de négociations.
La FAE représente 34 000 enseignants, soit le tiers du personnel enseignant du Québec, dont la très militante Alliance des professeures et professeurs de Montréal. Une entente avec cette organisation, sur la base des positions du gouvernement Couillard n’est pas à la portée.
La FAE a annoncé mardi son intention de faire la grève pendant deux journées pour écoeurer les parents des 275 000 enfants qui seront privés d’école, en misant que ceux-ci en feront payer un prix politique au gouvernement employeur.
Ces syndiqués se mettent les pieds dans la bouche. Les enseignants n’ont pas la cote dans la population lorsque les enfants doivent rester à la maison. Deux, les prochaines élections auront lieu en 2018 seulement. Beaucoup d’eau aura coulé sous les ponts.
LA REINE NÉGOCIE
Le père de la Révolution tranquille, Jean Lesage, avait pourtant déjà jeté que «la reine ne négocie pas avec ses sujets, mais, en 1964, après quatre années de déchirements sur cette question au sein de son conseil des ministres, il s’était fait à l’idée que la syndicalisation des employés de l’état québécois était incontournable. M. Lesage résistait toutefois à leur octroyer le droit de grève.
Jean Marchand et Marcel Pepin de la CSN arrachèrent le morceau grâce à l’appui de deux poids lourds au cabinet, René Lévesque et Paul Gérin-lajoie.
Le droit de grève est l’ultime levier syndical dans toute négociation traditionnelle dans le secteur privé où s’exerce un rapport de force économique entre les parties.
Dans le secteur public, le rapport de force serait politique en privant les citoyens de leurs services. Ceux-ci constitueraient la chair à canon des syndicats. Le droit de négocier était sans valeur pour Marchand et Pepin sans droit de grève. Aussitôt reconnues, les grèves se multiplièrent dans les services publics, incluant les hôpitaux.
UN DROIT SACRÉ
Aucun gouvernement depuis 50 ans n’a osé retirer le droit de grève aux syndicats du secteur public. Il mettrait le feu au Québec. Tout au plus fut-il encadré pour le maintien de services dits essentiels.
Les gouvernements tolèrent des bris de services pour laisser baisser la pression dans l’autocuiseur et ils décrètent ensuite les conditions de travail ou ils font piteusement de coûteuses concessions pour acheter la paix.
Le gouvernement Couillard est majoritaire; il n’ira en élection que dans trois ans, dans un scrutin à caractère référendaire sur la souveraineté.
Il n’est aucunement forcé de laisser les syndicats prendre les citoyens pour otages. Il n’a pas non plus à renier sa politique de rémunération établie dans le cadre d’un redressement budgétaire.
Le président de la FAE, Sylvain Mallette, prétend que le gouvernement ne peut fixer les conditions de travail par décrets, sous prétexte que l’action syndicale est légale. Faux. Un gouvernement peut toujours agir lorsqu’il considère que c’est dans l’intérêt public.