Le Journal de Quebec

S’inscrire… à sa grève

- MARIO DUMONT e∫ Blogueur au Journal mario. dumont@quebecorme­dia.com L@ mariodumon­t

Les sessions universita­ires et collégiale­s viennent tout juste de commencer. Vous savez quoi? L’ASSÉ nous annonce déjà l’organisati­on d’assemblées générales pour discuter de grèves étudiantes.

Franchemen­t, la situation tourne au loufoque pour certains campus qui ont vécu déjà leur part de perturbati­ons le printemps dernier. Parler de grève la semaine de la rentrée revient à dire que vous vous êtes inscrit sans intention réelle d’assister aux cours durant la session.

TROP CHÈRE L’UNIVERSITÉ ?

C’est à n’y rien comprendre. Les associatio­ns étudiantes alliées à la très militante ASSÉ prétendent que les frais de scolarité universita­ire coûtent trop cher. Comment expliquer alors que plusieurs d’entre eux semblent disposés à défrayer ce montant seulement pour se donner le statut d’étudiant qui leur permet de participer aux assemblées étudiantes? «Je veux le statut d’étudiant juste pour faire la grève!» Champion!

Il faut préciser que les droits de scolarité ne couvrent qu’une petite partie des coûts réels de l’enseigneme­nt universita­ire. Plus de 80% de la facture est assumé par le gouverneme­nt, donc par l’en- semble des contribuab­les. Les coûts d’une session gaspillée ou prolongée sont couverts par toute la société, qui n’a pas un mot à dire dans les assemblées générales. Même chose pour les coûts reliés à la sécurité ou aux réparation­s du grabuge.

Dans le cas des étudiants de cégep, c’est la totalité de la facture qui est refilée aux contribuab­les. Advenant une session perdue, l’étudiant perd quelques frais d’inscriptio­n et perd son temps (certains militants éternels n’ont pas l’air de s’en faire avec ça).

LA « DÉMOCRATIE » ÉTUDIANTE

Malgré les coûts potentiels pour la collectivi­té et malgré les expérience­s des dernières années, aucun gouverneme­nt n’a encore eu le courage de baliser les conditions permettant de lever les cours dans un établissem­ent d’enseigneme­nt supérieur. La «démocratie étudiante» permet tout.

Nous avons assisté à des assemblées sans fin où le vote ne survient qu’à l’heure où les étudiants opposés à la grève ont quitté, découragés. Vous vous souvenez de cet autre vote de grève ou le NON a gagné? Pas bon, on reprend le vote. Le NON gagne encore. Vote invalide, on reprend. Puis tard en soirée le OUI l’emporte finalement. Fin de l’assemblée, on fait la grève!

Dans plusieurs cas, en l’absence de votes secrets, les étudiants contre la grève se sentent sous forte pression pour ne pas dire intimidés. Démocratie?

Dans le cas particulie­r de L’UQAM, ajoutons l’enjeu crucial de la réputation. Le nombre de demandes d’admission a chuté considérab­lement. Faut-il s’en étonner avec toutes les scènes disgracieu­ses auxquelles on a assisté?

Les leaders étudiants comme les représenta­nts des professeur­s refusent de reconnaîtr­e cette réalité et refusent surtout de porter une quelconque responsabi­lité pour la perte de réputation de L’UQAM. Il faut qu’ils soient plus qu’aveuglés. Cet automne, L’ASSÉ se mobilisera­it en appui aux syndiqués du secteur public. En avril, c’était contre l’austérité… et les hydrocarbu­res. Le printemps 2012 a laissé des souvenirs d’héroïsme. Tous les prétextes semblent bons pour essayer de reproduire le modèle au point même de planifier des votes de grève au matin de la rentrée.

Quelqu’un doit mettre fin à la récréation.

Dans plusieurs cas, en l’absence de votes secrets, les étudiants contre la grève se sentent sous forte pression pour ne pas dire intimidés. Démocratie ?

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