Le Journal de Quebec

On a dit du coopératis­me qu’il s’agissait d’une philosophi­e de pauvres. C’est surtout une philosophi­e de pauvres qui se mettent ensemble pour ne plus l’être

- cmathieu. bock-cote @quebecorme­dia.com L@ mbockcote

et est devenu un des maillons essentiels du tissu social québécois.

Pendant longtemps, la caisse populaire, dans bien des régions, était la seule capable de comprendre les besoins intimes des communauté­s.

Pourtant, cela fait des années qu’on accuse Desjardins de s’être éloigné de ses membres. Le mouvement voulait s’adapter, mais il se serait renié. La formule est connue: Desjardins ne serait plus qu’une banque comme les autres. Il est vrai que, pour survivre, l’institutio­n s’est ajustée à l’univers de la mondialisa­tion financière.

C’était probableme­nt inévitable. C’est bien désolant, mais il faut vivre dans le monde qui est le nôtre.

UNE BANQUE ?

Il s’agissait, en fait, pour Desjardins, d’un vrai casse-tête. Comment demeurer fidèle à sa raison d’être, qui est le service de ses membres et de leurs communauté­s dans un monde qui n’est plus celui qui l’a vu apparaître.

C’est le défi qu’a relevé en son temps un homme comme Claude Béland, certaineme­nt une des figures les plus inspirante­s du Mouvement Desjardins, et qui est aujourd’hui, à sa manière, le gardien de son âme.

Mais ne soyons pas trop sévères. Le capitalism­e financier n’est plus une force de progrès. En fait, il représente une puissance plus ou moins anonyme, et bien souvent incompréhe­nsible, qui écrase les peuples et leur impose ses diktats. On ne sait trop comment, d’ailleurs, domestique­r les banques.

Dans un monde où les institutio­ns financière­s se sont séparées du commun des mortels, Desjardins demeure, à bien des égards, une institutio­n au service du Québec.

C’est ici qu’on en revient aux ristournes. Elles ne font pas la fortune de ceux qui les reçoivent. Mais elles symbolisai­ent à bien des égards ce qui restait de l’esprit coopératif dans le Mouvement Desjardins. Les dirigeants du mouvement devraient y penser à deux fois avant de sacrifier ce qui leur permettait encore de sauver les apparences.

Newspapers in French

Newspapers from Canada