Le père Lacroix, si jeune de coeur, est un des défenseurs les plus séduisants de la langue et de la culture
franc, ses mots à la fois justes, émouvants sont une musique que l’on entend désormais rarement au pays du Québec.
UN DÉFENSEUR DE LA LANGUE ET DE LA CULTURE
Benoît Lacroix s’inquiète de l’avenir de notre langue, dont il a déclaré cette semaine dans le journal Le Devoir qu’elle recule sous l’assaut de cette industrie du rire. «Je n’ai pas envie de rire quand le français n’est plus respecté.» Cet homme plus ouvert d’esprit que tous ceux qui font exploser la langue, son vocabulaire, sa syntaxe, sa précision et la richesse de ses nuances est attristé de constater la glorification de l’inculture et de la grossièreté langagière.
Sans doute se désole-t-il aussi du peu de passion qu’exprime le gouvernement actuel à l’endroit de l’éducation. Alors que nous avons à la tête du Québec un des premiers ministres les plus lettrés et les plus cultivés, nous avons la tristesse de constater son peu d’empressement à reconnaître l’échec majeur de notre société à transmettre aux jeunes un enseignement de qualité.
Avec des ministres qui ne savent pas écrire sans fautes, ne savent pas s’exprimer correctement, se rabattant sur une langue faite de formules tirées de rapports de fonctionnaires au jargon incompréhensible, comment croire que l’avenir de la langue est entre bonnes mains?
C’est désormais le président du Conseil du Trésor qui, en coupant les budgets, définit les orientations politiques, donc les priorités de la nation. Le père Benoît Lacroix pourrait souffler à l’oreille de ce ministre aussi fringant qu’arrogant qu’un Québec qui régresse sur le plan culturel et qui malmène sa langue n’a qu’à fermer boutique.
On ne répétera jamais assez que le fossé entre le discours officiel sur l’amour de la langue et la façon dont on insulte sans honte cette langue se creuse inexorablement. Pour un Benoît Lacroix si instruit et si respectueux, combien de mal embouchés de tous âges qui portent leur grossièreté à la boutonnière telle une décoration?
Bon centenaire, père Lacroix. Merci de vivre.