Desjardins grossit, la ristourne rapetisse
La cote d’amour dont bénéficie le Mouvement Desjardins risque de chuter fortement si l’institution chérie des Québécois décide de couper sa ristourne annuelle.
Mettre la hache dans la ristourne annuelle serait très mal perçu par une grande partie des cinq millions de membres de la gigantesque coopérative financière.
Par rapport aux grandes banques canadiennes, c’est la fameuse ristourne qui distingue Desjardins des autres institutions bancaires. Cette ristourne est versée aux membres, particuliers et entreprises, qui font affaire avec les caisses. Le montant de la ristourne est notamment déterminé en fonction des intérêts payés sur les emprunts et des intérêts encaissés sur les dépôts. Plus le volume d’affaires du membre est important, plus la ristourne est grosse.
19 SEPTEMBRE
La mise au point étant faite, c’est lors du congrès du 19 septembre prochain que les délégués des caisses Desjardins se prononceront sur l’avenir de la ristourne.
La question soumise au vote des délégués: «Sommes-nous d’accord pour accroître les excédents à verser à la réserve afin de favoriser l’auto-génération du capital nécessaire à la croissance de nos activités?»
On remarquera que la question ne porte pas directement sur l’abolition ou pas de la ristourne.
Alors pourquoi l’associe-t-on à la ristourne?
Parce que le montant de la ristourne est relié, lui, aux excédents à verser à la réserve. Si les délégués des caisses acceptent d’augmenter le versement des excédents à la réserve du Mouvement Desjardins, cela se traduira forcément par une diminution équivalente de la ristourne versée aux membres des caisses. Une simple question de vases communicants.
EN CHUTE LIBRE
Mon collègue Pierre Couture retraçait hier la chute libre des ristournes au cours des huit dernières années. En 2007, Desjardins avait versé une ristourne globale de 592 millions de dollars.
L’an dernier, la ristourne totalisait quelque 217 millions.
La ristourne a ainsi fondu de 63 % au cours de cette période de huit ans. Mais pendant ce temps-là, sachez que l’actif du Mouvement Desjardins augmentait de 59 %, passant de 144 à 229 milliards.
Et le bénéfice après impôts de Desjardins, c’est-à-dire le montant des excédents avant ristournes aux membres, grimpait pour sa part de 45 %, pour atteindre 1,6 milliard de dollars. En hausse, donc, de 492 millions.
En 2007, l’excédent net après ristourne versée dans la réserve s’élevait à 509 millions. L’an passé, l’excédent net atteignait 1,4 milliard. Comme on peut le constater, le Mouvement Desjardins transfère de plus en plus ses excédents dans sa réserve, et ce, au détriment de la ristourne destinée à ses cinq millions de membres.
Pendant que les membres de Desjardins encaissent de moins en moins de ristournes, les actionnaires des grandes banques canadiennes voient leurs dividendes augmenter sensiblement d’année en année!