Le Journal de Quebec

L’art de se tromper de cible

- LOUISE DESCHÂTELE­TS louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

Je trouvais important de vous raconter mon histoire après avoir lu les propos de cette mère de famille qui, ayant découvert que son fils utilisait l’ordinateur familial pour aller sur des sites pornograph­iques proposant des relatons entre gais, en avait déduit qu’il était lui-même gai. Elle vous demandait conseil pour savoir comment agir pour éviter que son mari, qui déteste les homosexuel­s, ne prenne leur fils en grippe. Il nous est arrivé quelque chose de semblable et je crois important de vous en faire part. Peut-être cela lui évitera-t-il une conclusion aussi désastreus­e que la nôtre.

J’ai moi-même fait ce genre de découverte il y a une couple d’années, certaine moi aussi que notre fils était gai, je l’ai dit à mon mari et nous avons confronté notre fils. Et voyez-vous, ça a mal tourné. Il n’a pas pris nos remarques, nous a juré que ce n’était pas lui parce qu’il n’était pas gai, et devant l’agressivit­é de son père, s’est renfermé dans sa coquille. Nous en fûmes quittes pour nous retrouver avec un fils muet sur sa vie intime qui a quitté la maison à 18 ans, et qui refuse de nous parler à son père et à moi depuis ce temps.

J’espère qu’elle suivra vos conseils Louise en évitant de mettre son homme au courant et de confronter son fils avant de s’être renseignée auprès de l’organisme Gai-écoute pour savoir comment mener l’affaire sans tout démolir au passage. J’ai d’abord blessé mon fils qui, selon notre fille qu’il fréquente encore, n’est pas gai, et j’ai semé un doute dans l’esprit de mon mari qui jure qu’il ne veut veut plus rien savoir de lui. Notre famille est brisée à cause d’un malentendu et je ne me le pardonnera­i jamais. Au lieu d’aider notre fils je l’ai enfoncé. Je ne me le pardonnera­i jamais.

Maman triste

À votre place je cesserais de me flageller et j’amorcerais une oeuvre de réconcilia­tion. D’abord en vous servant des relations de votre fille avec son frère pour renouer les liens et vous excuser. Ensuite en intercédan­t auprès de votre mari pour lui faire comprendre que la vie est trop courte pour se couper ainsi d’un fils, fusse-t-il homosexuel.

Tout ça pour avoir observé la loi

Personne n’a abordé ce sujet dans votre Courrier au cours de l’été et je trouve ça dommage. Comment se fait-il que tout le monde ait semblé trouver acceptable que la mairesse de Longueuil reçoive des menaces de mort parce quelle avait osé dire, du fait que sa ville soit en majorité francophon­e, que les travaux et les discussion­s devaient se dérouler en français au conseil municipal? Dans mon esprit, ce n’est que normal, et tout le monde devrait s’y plier sans discuter.

J’ai trouvé aberrant que du seul fait qu’un conseiller anglophone qui parle très bien le français mais qui décide de traduire toutes ses interventi­ons en anglais, retardant d’autant les délibérati­ons du conseil, reçoive un tel appui de la part des citoyens. Un appui qui d’ailleurs dépasse l’entendemen­t. Comment peut-on accepter qu’on menace de mort une personne qui ne fait qu’appliquer la loi?

Nos dirigeants à Québec devaient être morts de rire à la vue de cela. Leur volonté diabolique et hypocrite de ne rien faire pour protéger notre langue est ainsi récompensé­e. C’est d’une tristesse inouïe. Où étaient les Gabriel Nadeau-dubois de ce monde et leurs casseroles pendant ce temps-là? J’espère qu’ils vont penser à les ressortir pour manifester pour la langue, car la mienne est prête.

Une amoureuse du français

Je suis d’accord avec le fait qu’il est déplorable de constater l’ampleur de la violence avec laquelle on a répliqué à la mairesse. Être en désaccord avec quelqu’un sur un point ne donne le droit à personne de dépasser ainsi les limites de la décence. Pas plus que ça ne vous donne à vous, le droit de conclure que l’évènement a fait l’affaire du gouverneme­nt en place.

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