Des athlètes qui gagnent bien leur vie
Le salaire minimum annuel dans le circuit a été estimé à 43 000 $
Dans une ville qui ne se peut plus de retrouver du hockey professionnel, des hommes à vélo débarquent pour nous rappeler qu’il est possible de gagner sa vie dans d’autres sports.
Le déploiement en coureurs, personnel d’encadrement et équipement des 17 équipes du World Tour atteste de l’envergure que prend le cyclisme professionnel en Europe, une réalité au loin que nous livrent en partie les épreuves de Québec et de Montréal, cette semaine.
PARCOURS ATYPIQUE
L’union cycliste internationale (UCI) fixe le salaire minimal annuel à 29 370 euros (43 350 $) pour tout coureur des équipes du World Tour. Le plancher se situe à 25 300 euros (37 350 $) chez les équipes continentales, dont celle, française, d’europcar, à laquelle appartient le Québécois Antoine Duchesne, actuellement engagé dans le Tour d’espagne.
Au sommet de la pyramide, il se trouve cependant des exceptions comme l’espagnol Alberto Contador (Tinkoff-saxo), dont la rémunération atteindrait 5 millions d’euros, et le récent champion du Tour de France, le Britannique Chris Froome (Sky), qui gagnerait 4 millions d’euros.
«C’est vrai que ça demeure un parcours atypique que de vouloir gagner sa vie avec le vélo», avoue Romain Bardet, figure montante du peloton avec l’équipe AG2R La Mondiale et jeune diplômé de l’école de management de Grenoble.
«C’est pour ça que j’ai planifié autre chose. Pour l’instant, ça se passe bien pour moi, mais une carrière peut être aléatoire. Le cyclisme est un sport qui est ancré dans le patrimoine français, mais ça reste une avenue précaire pour un coureur professionnel. Il y a beaucoup de coureurs, mais de moins en moins de places dans les équipes», affirme le coéquipier du Québécois Hugo Houle et neuvième au dernier Tour de France.
LA MONDIALISATION VUE PAR HINAULT
Si «le Tour de France cannibalise tout le reste», selon Bardet, le cyclisme professionnel nourrit son attrait chez les jeunes, comme le démontrent les Québécois Houle et Duchesne. Même si les ouvertures se font rares.
«Qui aurait pensé, il y a 30 ans, qu’un Américain (Greg Le Mond en 1986) aurait gagné le Tour de France?» demande Bernard Hinault, légende du cyclisme venue assister aux courses de Québec et Montréal.
«Il n’y a pas de raison qu’un coureur canadien, de Québec, Montréal ou de Vancouver, ne puisse pas gagner un jour le Tour de France, ajoute le quintuple champion de l’épreuve.
Il n’est pas écrit que c’est interdit. Il y a 20 ans, il n’y avait que deux coureurs américains et, aujourd’hui, il y en a une trentaine. Donc, il faut qu’il y en ait un qui montre le chemin et quand celui-là aura montré le chemin, c’est comme une locomotive qui tire les wagons derrière. Ça va suivre.»