Jusqu’à 800 réfugiés à Québec
« Ce qu’il ne faut pas faire, c’est d’être raciste et d’attiser la peur »
La Ville de Québec est prête à accueillir de 500 à 800 réfugiés syriens au cours de la prochaine année. Régis Labeaume invite les citoyens à «ouvrir leur coeur» et, surtout, à ne pas céder à la peur.
Questionné hier soir à l’hôtel de ville par deux citoyens inquiets de l’arrivée des migrants et du risque d’accueillir des djihadistes infiltrés, le maire de Québec a dit comprendre leurs craintes, mais il leur demande de faire preuve de compassion.
«Ce qu’il ne faut pas faire, c’est d’être raciste, c’est d’attiser la peur, c’est d’être démagogue. Il y a des humains qui sont dans la misère. On va les aider. Si on va au maximum par rapport à ce qui se fait [actuellement], ça va être à peu près deux familles additionnelles par semaine. Est-ce que ça va bouleverser la ville de Québec? La réponse, c’est non», a-t-il relativisé, rappelant que la ville accueille bon an mal an plus de 300 réfugiés de divers pays.
«Il y en a des dizaines de milliers qui ont l’état islamique derrière eux et qui ont peur, qui ont faim et qui veulent dormir, avoir la paix. Alors je vous en prie, n’utilisez pas ce genre de discours là, ça me fait vomir», a-t-il balancé à une citoyenne.
LA SÉCURITÉ PRIME AVANT TOUT
Le choix d’accueillir de 125 à 200 familles est également guidé par la sécurité a fait valoir le maire, qui a interpellé le gouvernement du Canada afin qu’il n’y ait «aucun compromis» en cette matière. «Avec des familles, on pense qu’il y a moins de chances que des individus malintentionnés puissent s’infiltrer.»
Personne ne sait quand arriveront les premiers réfugiés. La balle est dans le camp du fédéral en matière d’immigration, mais la Ville a pris les devants en préparant le terrain.
Une trentaine d’intervenants (élus municipaux, Centre multiethnique de Québec, OMHQ, police de Québec, Croix-rouge, les milieux scolaires et de la santé) sont déjà dans le coup.
DE 180 000 $ À 260 000 $
Le maire estime que l’arrivée de 500 à 800 migrants à Québec coûterait de 3,8 M$ à 5,2 M$. L’état assumerait la quasi-totalité de la facture des services offerts aux réfugiés grâce à son enveloppe de 29 M$. La Ville, quant à elle, débourserait de 180 000 $ à 260 000 $.
Le maire a par ailleurs décliné l’offre du promoteur Yves Doyon qui proposait d’accueillir 200 migrants dans un ancien couvent de Charlesbourg. «On va s’organiser autrement. Des lieux, on en a», a-t-il affirmé.
Le ministre Sam Hamad, lui-même d’origine syrienne, a tenu à féliciter le maire pour «son grand coeur». — Avec la collaboration
de Taïeb Moalla