Le Journal de Quebec

Nos syndicats et l’équilibre budgétaire

- mario dumont mario.dumont@quebecorme­dia.com @mariodumon­t

Les grandes centrales syndicales ont déclaré la guerre au gouverneme­nt Harper. Depuis plusieurs mois, la puissante FTQ prépare son offensive allant jusqu’à des activités de formation pour préparer ses troupes à nuire à l’élection de candidats conservate­urs.

Cette stratégie s’est déployée depuis le début de la campagne. Le week-end dernier, c’était au tour de la CSN d’y aller de grands mots d’ordre dans le même sens.

En théorie, la stratégie syndicale est hautement complexe et sophistiqu­ée. Comté par comté, les syndiqués devraient faire une savante analyse pour déterminer qui a la meilleure chance de battre le candidat conservate­ur et appuyer celui-ci.

Dans la pratique, les choses sont pas mal plus simples. Cette approche est vite devenue un appui au NPD qui apparaissa­it l’option la plus susceptibl­e de défaire les conservate­urs. Cela n’a rien de surprenant puisque les néo-démocrates sont les alliés naturels des centrales syndicales un peu partout dans le Canada. Le Bloc québécois, qui a généraleme­nt profité de leur appui, est loin de la trouver drôle.

L’AUSTÉRITÉ ?

Ce qu’il y a de curieux, c’est que jamais dans la réflexion syndicale, on a intégré un élément pourtant central de la politique de Thomas Mulcair: l’importance fondamenta­le de l’équilibre budgétaire.

Le chef du NPD a pourtant été intraitabl­e sur cette question répétant avec ferveur et fermeté sa position lors du débat économique du Globe and Mail la semaine dernière. Je trouve personnell­ement sa position responsabl­e et rassurante, mais elle ne me semble pas correspond­re au discours syndical ambiant.

Les mêmes chefs syndicaux qui semblent séduits par le NPD martèlent sur la scène québécoise le message contre l’austérité, reprochant à Philippe Couillard et à Martin Coiteux d’accorder une importance démesurée à l’équilibre budgétaire.

Bien sûr ils nous diront que le NPD semble privilégie­r une approche meilleure pour atteindre l’objectif, soit une hausse des impôts des entreprise­s plutôt que des restrictio­ns de dépenses.

Sauf qu’un leader syndical d’expérience sait qu’une fois la campagne électorale terminée, le bonbon est souvent un peu plus suret. Un chef commis à l’équilibre budgétaire doit toujours faire des choix douloureux pour tenir parole. C’est le cas du premier ministre Couillard. Ce serait aussi le cas d’un éventuel premier ministre Mulcair.

MESSAGE BROUILLÉ

Chose certaine, les syndicats québécois qui se sont mouillés fortement dans la campagne fédérale ont affaibli leur message sur la scène québécoise. Les ministres du gouverneme­nt du Québec ne manqueront pas de rappeler que tel ou tel porte-parole syndical a déjà supporté un parti favorable à l’équilibre budgétaire. Il sera trop facile de mettre les projecteur­s sur la contradict­ion.

Au fond, cela revient à dire que les organisati­ons syndicales s’étirent le cou dangereuse­ment en débarquant dans l’arène partisane en pleine campagne électorale.

Leurs membres sont des travailleu­rs syndiqués, mais aussi des payeurs de taxes, des contribuab­les, des parents, des patients du système de santé, des utilisateu­rs de la route, et c’est en regardant ce que proposent les partis dans l’ensemble des aspects de leur vie qu’ils feront leur choix démocratiq­ue.

Pas besoin de mots d’ordre, pas besoin de campagnes parallèles payées à même leurs cotisation­s.

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