Le Journal de Quebec

Ses aveux annulés par la Cour d’appel

Michel Laflamme, qui a admis aux policiers le meurtre de sa femme commis en 1976, est blanchi en appel

- Eric Thibault Ethibaultj­dm

La famille de la victime est consternée que la Cour d’appel efface la condamnati­on de Michel Laflamme pour le meurtre de sa première femme, étranglée à Beloeil il y a 39 ans, parce que les policiers lui ont soutiré des aveux «sous la contrainte» lors d’une opération de type «Mr Big».

«Ça me surprend beaucoup. Il est libre, il va faire ce qu’il veut», laisse tomber d’un ton amer Rolland Waltz, le frère de la victime, avant de raccrocher rapidement.

Michel Laflamme, dresseur de chiens au passé trouble, purgeait une peine d’incarcérat­ion à perpétuité depuis cinq ans et demi avant que le plus haut tribunal du Québec ordonne l’arrêt des procédures à son encontre, hier.

L’homme de 61 ans pourrait quitter le pénitencie­r à sécurité moyenne de Cowansvill­e dès aujourd’hui.

MISES EN SCÈNE

Le 4 décembre 1976, Carmen Waltz, 23 ans, a été trouvée sans vie dans sa voiture, près d’un centre commercial de Beloeil. Mère d’une fillette d’un an et demi, elle était enceinte de huit mois au moment du drame.

Ce n’est qu’en 2008 que son mari a été épinglé par la Sûreté du Québec quand Laflamme a avoué le crime à des policiers qui l’avaient embauché dans une organisati­on clandestin­e, en jouant le rôle de criminels pour le piéger.

Pendant cinq mois, ils ont gagné sa confiance en lui faisant transporte­r des diamants et des liasses d’argent, en plus de l’emmener voir le Canadien au Centre Bell et de lui verser 12 000 $ en salaire.

Il a aussi vu des agents doubles victimes de menaces ou de violence lors de mises en scène et on lui a fait croire que son ami Vince (un agent d’infiltrati­on) serait éliminé si Laflamme n’était pas honnête.

S’il voulait rester au sein du clan, Laflamme devait ne «rien cacher» sur son passé et se confier au patron, «Mr Big».

Il a alors admis le meurtre avec «calme et assurance», a rappelé la Cour. Un mensonge motivé par sa crainte de l’organisati­on, a ensuite dit Laflamme au procès.

« ABUS DE PROCÉDURES »

Les juges Allan Hilton, Lorne Giroux et Jacques Dufresne estiment que cet aveu est «un abus de procédures» inadmissib­le en preuve parce que les policiers ont «compromis leur enquête» par des «tactiques coercitive­s» et la contrainte. Ils n’ordonnent pas la tenue d’un nouveau procès.

L’an dernier, la Cour suprême a établi que de telles confession­s lors d’opérations «Mr Big» doivent être corroborée­s par d’autres éléments de preuve. Dans le cas de Laflamme, la Couronne a admis n’avoir «rien d’autre» que l’aveu, selon la Cour.

«Il s’en sort encore!» s’exclame incrédule Nathalie Waltz, la petite cousine de la victime.

- Avec la collaborat­ion de Baptiste Zapirain

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