chris Nilan
refuse de blâmer rien que les bagarres
Le suicide de Todd Ewen, comme celui des autres anciens hommes forts décédés récemment, a pris un peu tout le monde par surprise.
Chris Nilan, qui a joué brièvement à ses côtés au début des années 1990, n’aurait jamais prédit une telle fin pour le Saskatchewanais de 49 ans.
«C’est le dernier gars de qui j’aurais cru cela possible. J’étais sûr que la vie allait bien pour lui. Il était marié, il avait des enfants, il travaillait», a indiqué Nilan, croisé par Le Journal de Montréal au Centre sportif de Brossard.
Ewen, qui a soulevé la coupe Stanley dans l’uniforme du Canadien en 1993, a été retrouvé sans vie à son domicile de Wildwood, au Missouri, samedi.
La police a conclu que l’ancien hockeyeur se serait enlevé la vie à l’aide d’une arme à feu.
Dans les heures suivant le décès de Ewen, des proches ont confié qu’il souffrait de dépression.
«Je l’ai croisé il y a deux ans au lancement du documentaire The Last Gladiators à Toronto. Il avait le grand sourire et jasait beaucoup. Je ne me serais jamais douté qu’il souffrait de dépression.»
TRAUMATISME REFOULÉ
La dépression. Voilà l’un des grands dénominateurs communs chez la plupart des anciens bagarreurs décédés tragiquement.
«Je préférais qu’on souligne son décès comme étant celui d’un autre ancien joueur de la LNH, pas comme celui d’un autre ancien bagarreur, a lancé le patineur le plus plus puni de l’histoire du Canadien. Que ce soit un bagarreur ou un gagnant du trophée Norris, ça n’a pas d’importance.»
Sauf que le nombre d’anciens hommes forts ayant mis fin à leurs jours au cours des dernières années est effarant. Ewen s’ajoute à une liste qui compte, depuis 2011 seulement, Derek Boogaard, Wade Belak, Rick Rypien et Steve Montador.
«Oui, avoir occupé le rôle de bagarreur peut être un facteur. Cependant, je crois qu’il y a plus que cela. Souvent, un mauvais souvenir ou un traumatisme refoulé depuis la petite enfance peut être un facteur tout aussi important dans le développement d’une condition dépressive, a opiné l’ancien homme fort. Des événements arrivent dans notre vie. On croit qu’on a réussi à passer par-dessus et, soudainement, ça revient nous hanter.»
FAN DES PIERRAFEU
Alors âgé de 33 ans, Nilan en était à son dernier tour de piste lorsqu’il est revenu dans la métropole québécoise pour les 17 derniers matchs de la saison 1991-1992. Dans le vestiaire, Lyle Odelein et Ewen étaient alors les redresseurs de torts de l’équipe.
«J’ai rapidement constaté que Todd était un excellent joueur d’équipe et tout un gentleman», a confié Nilan.
«Par contre, ce que je trouvais étrange, c’est sa fascination pour les bandes dessinées. Il les collectionnait toutes. Je n’arrivais pas à concevoir qu’un gars puisse à la fois se battre et aimer les petits bonshommes.»
Et pourtant, le tatouage de Boum Boum des Pierrafeu, que Ewen arborait sur l’un de ses avant-bras, témoignait bien de cette passion.