Le Journal de Quebec

Neutralise­r de futurs Bougon

- J. JACQUES SAMSON jjacques.samson@quebecorme­dia.com

Le projet de loi ne visera que les personnes aptes au travail. Il y a un consensus social au Québec pour soutenir les personnes qui présentent un handicap à leur employabil­ité

Le gouverneme­nt Couillard aime la chaleur de cet automne 2015. Il en rajoute même: le ministre du Travail, de l’emploi et de la Solidarité sociale, Sam Hamad, déposera sous peu un projet de loi musclé pour pousser vers le marché du travail les nouveaux demandeurs d’aide sociale.

Pour être clair, l’objectif est de neutralise­r de futurs Bougon.

Le projet de loi ne visera que les personnes aptes au travail. Il y a un consensus social au Québec pour soutenir adéquateme­nt les personnes qui présentent un handicap physique ou mental à leur employabil­ité ou d’autres contrainte­s majeures.

Le projet de loi imposera par contre de lourdes sanctions financière­s aux personnes aptes au travail qui refuseront de s’engager dans un programme personnali­sé d’intégratio­n en emploi. Ces pénalités seront précisées ultérieure­ment dans la réglementa­tion qui suivra, mais celles qui sont envisagées dans les scénarios sur la table de travail au ministère sont sévères.

Elles pourraient aller jusqu’à 40 % ou 50 % de la prestation pour des récidivist­es.

Les gouverneme­nts ont utilisé la carotte dans le passé plutôt que le bâton: ils bonifiaien­t les prestation­s des bénéficiai­res engagés dans des mesures d’intégratio­n en emploi ou en milieu scolaire et ils ne réduisaien­t pas celles des résistants. Les résultats ont été très mitigés.

JOUER D’AUDACE

On compte chaque année quelque 20 000 nouveaux demandeurs d’aide sociale. Le gouverneme­nt veut creuser l’écart entre les prestation­s d’aide sociale et les revenus provenant d’un travail, même à basse rémunérati­on.

Le projet de loi visera essentiell­ement les jeunes nouveaux demandeurs qui risquent de s’incruster dans l’aide sociale, mais les personnes plus âgées ne seraient pas épargnées pour autant.

Le ministre des Finances, Carlos Leitao, avait évoqué très sobrement d’éventuelle­s modificati­ons à l’aide sociale dans son discours sur le budget 2015-2016. Il n’avait pas fait allusion, alors, à quelque pénalité que ce soit.

Le projet de loi parrainé par le ministre Hamad provoquera à coup sûr un tollé. Toutes les tentatives passées comportant des mesures coercitive­s se sont heurtées à un mur de résistance de la gauche.

En plus, le gouverneme­nt Couillard joue d’audace en ce sens que cette réforme sera enclenchée en même temps que les organisati­ons syndicales sont engagées dans un bras de fer avec le gouverneme­nt dans les négociatio­ns du secteur public et une guerre pour l’appui de l’opinion publique.

LA MAJORITÉ SILENCIEUS­E

Le conseil des ministres a fait le pari, de toute évidence, que la fameuse «majorité silencieus­e» l’appuiera dans ses efforts pour réduire le parasitage.

Cette même majorité silencieus­e sera aussi favorable au creusage de l’écart entre un revenu d’emploi et l’aide sociale susceptibl­e de devenir un mode de vie pour des personnes aptes au travail.

Il est facile d’imaginer où logeront la CAQ et Québec solidaire, à droite et à gauche. Le positionne­ment du Parti québécois sera par contre amusant à observer. PKP devra une fois de plus marcher sur un fil de fer pour ne pas s’aliéner des clientèles traditionn­elles de son parti et celles qu’il veut rallier au nom de la Cause.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada