Le Journal de Quebec

Les ordres provenaien­t du PLQ

L’UPAC croit que c’est le parti qui fixait lui-même le montant des contributi­ons illicites des entreprise­s

- Jean-louis Fortin l JLFORTINJD­M

Le Parti libéral du Québec (PLQ) aurait lui-même demandé des montants précis à plusieurs entreprise­s pour son stratagème de financemen­t illégal, et non l’inverse, soutient la police.

C’est ce qu’ont affirmé plusieurs dirigeants d’entreprise­s rencontrés au cours des derniers mois par l’unité permanente anticorrup­tion (UPAC), apprend-on dans un affidavit dont de nouveaux passages ont été rendus disponible­s par un juge hier matin.

Les informatio­ns ont été colligées par les policiers dans le cadre de l’enquête criminelle sur le financemen­t du PLQ à l’époque où le parti était dirigé par Jean Charest.

Selon la thèse des enquêteurs, les directives transmises aux entreprise­s venaient de Violette Trépanier et Marc Bibeau, qui oeuvraient pour le PLQ.

OBJECTIFS DE FINANCEMEN­T

La première, directrice du financemen­t du PLQ de 2001 à 2013, a témoigné à la commission Charbonnea­u en juin 2014.

Le deuxième, homme d’affaires influent et proche de Jean Charest, a été considéré par de nombreux observateu­rs comme l’argentier officieux de la formation politique.

«Les objectifs de financemen­t pour chaque compagnie étaient établis par ces deux personnes, qui étaient responsabl­es d’amasser les chèques de la part des dirigeants de compagnies», écrit l’enquêteur Carl Boulianne, chargé du dossier.

C’est la première fois que la chaîne de commandeme­nt du financemen­t politique du PLQ est décrite aussi clairement dans des documents d’enquête.

Kazimir Olechnowic­z, qui dirigeait la firme de génie CIMA+ jusqu’à la fin 2014, a tenu des propos similaires devant la commission Charbonnea­u. Il a affirmé que Marc Bibeau lui avait «donné un objectif de 100 000 $».

PRÊTE-NOMS

Au Québec, seuls les particulie­rs ont le droit de faire des dons politiques, mais plu- sieurs entreprene­urs ont avoué aux enquêteurs que leur firme dissimulai­t ses dons en se servant d’employés comme prête-noms.

Les employés fournissai­ent un chèque personnel, que le patron remboursai­t ensuite de manière déguisée par un boni annuel ou un faux compte de dépenses.

Une telle pratique constitue une infraction en vertu de l’article 121 du Code criminel, selon la théorie des enquêteurs.

Les allégation­s de L’UPAC n’ont pas encore passé le test de la justice, et à ce jour, aucune accusation criminelle n’a encore été déposée dans le cadre de ce projet d’enquête.

Devant la commission Charbonnea­u, Violette Trépanier avait affirmé que ni elle ni son parti n’avaient sollicité des entreprise­s pour du financemen­t politique. Quant à Marc Bibeau, il a toujours refusé nos demandes d’entrevues concernant les allégation­s à son sujet, mais on sait qu’il a témoigné à huis clos à la Commission.

 ?? PHOTOS D’ARCHIVES ?? Plusieurs dirigeants d’entreprise­s rencontrés par les enquêteurs de L’UPAC ont nommé Marc Bibeau (à droite) et Violette Trépanier (à gauche) comme les membres du PLQ qui leur précisaien­t le montant des contributi­ons à fournir.
PHOTOS D’ARCHIVES Plusieurs dirigeants d’entreprise­s rencontrés par les enquêteurs de L’UPAC ont nommé Marc Bibeau (à droite) et Violette Trépanier (à gauche) comme les membres du PLQ qui leur précisaien­t le montant des contributi­ons à fournir.
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