Le Journal de Quebec

L’aubainerie des bonnes intentions

- MICHEL HÉBERT Chef du bureau parlementa­ire michel.hebert@quebecorme­dia.com @hebert_mic

Laure Waridel n’en pleurera pas, Steven Guibault non plus. Ils savent sans doute déjà qu’en ce qui touche l’environnem­ent, le Québec se drape des plus nobles intentions sans trop savoir si les résultats sont à la hauteur.

On aime quand même faire la leçon au Canada même si les fameuses «cibles» québécoise­s de réduction des gaz à effet de serre, à nouveau révisées et naturellem­ent ambitieuse­s, devraient être prises avec un gros grain de sel.

Dernier messie du ministère de l’environnem­ent et du Développem­ent dit durable du Québec, David Heurtel s’inscrit dans la tradition de l’optimisme bon enfant qui caractéris­e l’administra­tion de la Belle Province.

DES CIBLES, MAIS AUCUNE VISION

Nous avons des cibles, cela satisfait les technocrat­es, mais pas une vision d’ensemble. Nous sommes dans l’à-peu-près, l’imprécis, le foisonneme­nt confus des interventi­ons, quinze ans après l’arrivée du nouveau siècle…

Nous sommes moins polluants, ditesvous? Par un hasard heureux de l’histoire! Les choix judicieux avaient été faits, les conquérant­s capitalist­es avaient ouvert la voie: Montreal Light, Heat & Power, Shawinigan Light & Power, etc. Mais l’époque est à l’esbroufe écolo.

Malheureus­ement, l’approche québécoise en matière d’environnem­ent n’est pas efficace, mais rassure tout un chacun comme une tisane.

Unique en son genre, elle embrasse en tout temps tous les principes, et non les moindres: la santé, la solidarité sociale, l’accès au savoir, la prévention, la croissance de l’économie, etc.

Même la lutte à l’obésité! C’est l’aubainerie des bonnes intentions!

ET LES CHANGEMENT­S ?

Le préposé à l’environnem­ent du Vérificate­ur général écrivait récemment: «L’approche québécoise est la seule qui oblige la prise en compte de tous les principes». Mais ces principes sont interprété­s différemme­nt selon les instances, ça part donc dans toutes les directions…

On ne peut pas croire sérieuseme­nt à quelque changement important dans un avenir prochain, à moins de participer à la comédie. Il vaut mieux croiser les doigts, comme l’adjudant du VG, dans l’espoir que la multitude des mesures mises en oeuvre par les ministères, les or- ganismes et les improvisat­eurs subvention­nés «puissent s’additionne­r et contribuer à un développem­ent qui soit durable»…

Perplexe, le commissair­e au développem­ent durable du Québec ajoute que ce domaine est «complexe et requiert une démarche plus structurée». Mais le statu quo justifie la multiplica­tion des intervenan­ts!

Dans son rapport 2015, le commissair­e semble lui aussi ne pas savoir où donner de la tête. Au lieu d’approfondi­r nos errances, il s’est penché sur la Financière agricole, la banque d’état des agriculteu­rs, les barrages, la SÉPAQ et, pourquoi pas, la malbouffe!

«La promotion d’une saine alimentati­on, écrit-il, s’inspire de la vision à long terme nécessaire à la mise en oeuvre d’un développem­ent durable et de la préoccupat­ion de ne pas compromett­re la capacité de développem­ent des génération­s futures». La poutine nuit à l’environnem­ent! Pourquoi ne pas examiner la gestion du triste réseau routier québécois? L’anarchie des entraves, les chantiers plus ou moins animés, les improvisat­ions du génie civil qui provoquent des embouteill­ages chroniques. Un tel gâchis entraîne sûrement des coûts exorbitant­s pour le Québec.

Ça nous changerait du pelletage de nuages…

Malheureus­ement, l’approche québécoise en matière d’environnem­ent n’est pas efficace, mais rassure tout un chacun comme une tisane

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