L’aubainerie des bonnes intentions
Laure Waridel n’en pleurera pas, Steven Guibault non plus. Ils savent sans doute déjà qu’en ce qui touche l’environnement, le Québec se drape des plus nobles intentions sans trop savoir si les résultats sont à la hauteur.
On aime quand même faire la leçon au Canada même si les fameuses «cibles» québécoises de réduction des gaz à effet de serre, à nouveau révisées et naturellement ambitieuses, devraient être prises avec un gros grain de sel.
Dernier messie du ministère de l’environnement et du Développement dit durable du Québec, David Heurtel s’inscrit dans la tradition de l’optimisme bon enfant qui caractérise l’administration de la Belle Province.
DES CIBLES, MAIS AUCUNE VISION
Nous avons des cibles, cela satisfait les technocrates, mais pas une vision d’ensemble. Nous sommes dans l’à-peu-près, l’imprécis, le foisonnement confus des interventions, quinze ans après l’arrivée du nouveau siècle…
Nous sommes moins polluants, ditesvous? Par un hasard heureux de l’histoire! Les choix judicieux avaient été faits, les conquérants capitalistes avaient ouvert la voie: Montreal Light, Heat & Power, Shawinigan Light & Power, etc. Mais l’époque est à l’esbroufe écolo.
Malheureusement, l’approche québécoise en matière d’environnement n’est pas efficace, mais rassure tout un chacun comme une tisane.
Unique en son genre, elle embrasse en tout temps tous les principes, et non les moindres: la santé, la solidarité sociale, l’accès au savoir, la prévention, la croissance de l’économie, etc.
Même la lutte à l’obésité! C’est l’aubainerie des bonnes intentions!
ET LES CHANGEMENTS ?
Le préposé à l’environnement du Vérificateur général écrivait récemment: «L’approche québécoise est la seule qui oblige la prise en compte de tous les principes». Mais ces principes sont interprétés différemment selon les instances, ça part donc dans toutes les directions…
On ne peut pas croire sérieusement à quelque changement important dans un avenir prochain, à moins de participer à la comédie. Il vaut mieux croiser les doigts, comme l’adjudant du VG, dans l’espoir que la multitude des mesures mises en oeuvre par les ministères, les or- ganismes et les improvisateurs subventionnés «puissent s’additionner et contribuer à un développement qui soit durable»…
Perplexe, le commissaire au développement durable du Québec ajoute que ce domaine est «complexe et requiert une démarche plus structurée». Mais le statu quo justifie la multiplication des intervenants!
Dans son rapport 2015, le commissaire semble lui aussi ne pas savoir où donner de la tête. Au lieu d’approfondir nos errances, il s’est penché sur la Financière agricole, la banque d’état des agriculteurs, les barrages, la SÉPAQ et, pourquoi pas, la malbouffe!
«La promotion d’une saine alimentation, écrit-il, s’inspire de la vision à long terme nécessaire à la mise en oeuvre d’un développement durable et de la préoccupation de ne pas compromettre la capacité de développement des générations futures». La poutine nuit à l’environnement! Pourquoi ne pas examiner la gestion du triste réseau routier québécois? L’anarchie des entraves, les chantiers plus ou moins animés, les improvisations du génie civil qui provoquent des embouteillages chroniques. Un tel gâchis entraîne sûrement des coûts exorbitants pour le Québec.
Ça nous changerait du pelletage de nuages…
Malheureusement, l’approche québécoise en matière d’environnement n’est pas efficace, mais rassure tout un chacun comme une tisane