Le déficit zéro prime sur les services
Des enfants « vont souffrir » des compressions, ont fait savoir les partis de l’opposition
Philippe Couillard veut d’abord équilibrer les finances du gouvernement avant de regarnir les budgets voués à l’aide aux enfants les plus vulnérables.
«La plus grande menace qui guette les personnes vulnérables, c’est que le Québec continue de s’enfoncer dans le déficit [...] Le message à la population, c’est de dire que des services publics bâtis sur la carte de crédit, ça ne tient pas», a soutenu le premier ministre du Québec hier à l’assemblée nationale.
Philippe Couillard répondait aux questions du chef du Parti québécois, Pierre Karl Péladeau, qui venait de lui rapporter que 80 enfants autistes venaient d’être exclus de leur école parce qu’elles ne disposent pas des ressources pour les prendre en charge.
«Je me sens carrément abandonnée [...] L’école nous offre cinq heures de scolarisation par semaine», a déclaré Sophie Bellemarre, mère d’un enfant autiste qui a été exclu de son école spécialisée qui jugeait son cas trop lourd. Policière à la ville de Montréal, Mme Bellemarre a dû cesser de travailler au début de l’année pour s’occuper de son fils.
Plus de 100 enfants autistes n’étaient pas scolarisés à la fin de la dernière année scolaire, a fait savoir Jo-ann Lauzon, directrice de la Fédération québécoise de l’autisme. Ce chiffre va augmenter, prévoit-elle, puisque quelque 260 professionnels de l’éducation per- dent leur emploi cette année. «Des psychoéducateurs, des conseillers pédagogiques, des orthopédagogues sont touchés. Les techniciens en éducation spécialisée sont remplacés par des préposés aux élèves handicapés, des personnes qui n’ont aucune formation pour travailler avec des enfants handicapés […] Le gouvernement n’a pas le droit, avec ses mesures d’austérité, de laisser tomber tous ces enfants», a exposé Mme Lauzon.
«Le gouvernement a perdu le contrôle de ses compressions. Il intègre le fait que des enfants vont souffrir, mais c’est pour la bonne cause», a soutenu le député péquiste Jean-françois Lisée.
TIR GROUPÉ
L’éducation a servi de munitions, hier, dans un tir groupé sur le gouvernement de la part des partis d’opposition à l’assemblée nationale. Le premier ministre Couillard et son ministre de l’éducation, François Blais, ont dû répondre aux questions du PQ, de la Coalition avenir Québec et de Québec solidaire.
«Nous avons l’intention de maintenir le financement des organismes régionaux [voués à la lutte au décrochage]», a répondu M. Blais au député Alexandre Cloutier, qui a vu là une volte-face du ministre.
Pour sa part, le député caquiste Jean-François Roberge a brandi un large tableau illustrant la surveillance exercée par le gouvernement sur les universités. «L’université Laval dépense 800 000 $ par année pour faire des rapports», a soutenu le député de Chambly.