«C’est alarmant»
Les musiciens nommés au gala de L’ADISQ s’inquiètent de la baisse de fréquentation des spectacles de chanson francophone
«Alarmant», «inquiétant», «insécurisant». Les musiciens nommés au prochain gala de L’ADISQ n’ont pas mâché leurs mots quant à la situation actuelle des spectacles de chanson francophone au Québec.
La musique francophone a déjà été dans une meilleure posture au Québec. Il y a quelques jours, nous apprenions qu’aucun spectacle musical ne se trouvait dans la liste des 25 spectacles les plus populaires de 2014 au Québec. Cette statistique a fait réagir plusieurs artistes que Le Journal a rencontrés hier au Club Soda, lors de l’annonce des nominations pour le gala de L’ADISQ.
«C’est extrêmement alarmant, a dit Salomé Leclerc, qui a reçu quatre nominations pour le gala. Pour ma première tournée, j’avais fait environ 80 spectacles. À mon deuxième album, je m’attendais à la même chose. Finalement, je ne sais même pas si je vais avoir le quart de ça. J’ai vu une énorme différence.»
«C’est profondément insécurisant, indique Marie-pierre Arthur, elle aussi avec quatre nominations. Il y a des choses qui ont changé. Je ne veux pas arrêter de chanter, mais on ne peut pas rentrer des affaires dans la gorge du monde. La diffusion radio est un vrai enjeu, selon moi.»
« UN NON-SENS TOTAL »
Nous écrivions récemment que les stations de radio souhaitaient diminuer les quotas de musique francophone de 65 % à 35 %. Cette nouvelle a bien sûr été accueillie froidement par les artistes.
«C’est un non-sens total et absolu, a dit Patrice Michaud, finaliste dans sept catégories. Nous sommes dans une société où nous avons à positionner notre culture constamment par rapport à une proposition anglophone qui est forte et envahissante. Pourtant, notre musique n’a pas baissé de qualité. Qui n’a pas compris ça?»
De son côté, Pierre Lapointe, en nomination deux fois, se range dans le clan des optimistes, lui qui coanime la nouvelle émission musicale, Stéréo pop. «Cette émission est un peu une façon détournée d’essayer d’intéresser de nouveau les gens à la chanson, dit-il. C’est en étant dans l’action qu’on fait que les choses changent.»
«Malgré ce contexte-là, il faut se réjouir en voyant que le niveau de productions de qualité n’a pas descendu, ces dernières années», conclut Solange Drouin, directrice générale de L’ADISQ.
« L’avenir des arts de la scène en général m’inquiète. Il faut observer ça et réagir. J’aimerais que les gouvernements soient plus à l’affût de ça.»
– Louis-jean Cormier « Pour nous, c’est un peu alarmant. Il faut trouver une manière de réinventer l’offre. La compétition est très forte. Nous sommes dans une transition. »
– Andrée Watters « Il y a de gros festivals qui sont gratuits. Ce n’est pas facile de motiver les gens d’aller en salle après. Le budget famille pour le divertissement a aussi diminué. »
– Bruno Pelletier