SOPHIE Mike Ward, Jérémy et la meute
Mike Ward est-il allé trop loin avec ses blagues sur le petit Jérémy? L’humour permet-il d’attaquer qui on veut, comme on veut? La liberté d’expression des humoristes doit-elle être limitée? Jusqu’où peut-on aller «trop loin»?
Savez-vous quoi? Ce sera aux avocats de plaider tout ça en cour dans la cause qui oppose la famille de Jérémy Gabriel et l’humoriste Mike Ward.
Mais la question qu’on doit aussi se poser dans cette affaire est la suivante: «Pourquoi des citoyens ordinaires, qui ne sont pas humoristes, attaquent-ils eux-mêmes les victimes des humoristes? Pourquoi la meute publique attaquet-elle des victimes sur Facebook ou en personne?»
LE SILENCE DES AGNEAUX
Rire de quelqu’un sur scène, c’est une chose. Mais se mettre en groupe et harceler un petit garçon à l’école ou sur les médias sociaux, c’est tout aussi lâche et dégueulasse, non? Une amie de la famille de Jérémy a confié au quotidien
Le Soleil: «À chaque fois qu'il y avait un spectacle de Mike Ward, le soir même Jérémy recevait une panoplie d'insultes sur Facebook.»
À quoi pensaient-ils, ces Prix Nobel? Que parce qu’un humoriste faisait une blague c’était de leur devoir de relayer des propos méchants pour en rajouter une couche?
Dans une entrevue en 2014 au Journal de Montréal, Jérémy Gabriel avait raconté qu’il se faisait traiter «d'enfant de pédophiles et de suceur de pape puisque des personnes se sont inspirées des propos de certains humoristes pour (l)'insulter».
Alors qui faut-il blâmer? L’humoriste qui fait des blagues de mauvais goût ou la meute de tatas qui déversent leur haine envers Jérémy?
Mike Ward peut, et doit, être tenu responsable de ses blagues. Mais peut-il être tenu responsable si des nonos, intoxiqués à son humour trash, décident d’emmerder un enfant différent?
LES CONSÉQUENCES DE SES GESTES
Quand un humoriste monte sur scène ou participe à une émission de télévision, il sait que s’il dépasse les limites du bon goût, il peut faire l’objet d’une plainte ou d’une poursuite. Mais il le fait en toute connaissance de cause. Ça fait partie, disons, des risques du métier. Tu fais des blagues qui fonctionnent, d’autres qui tombent à plat, et d’autres qui blessent profondément des individus.
Mais le tata moyen qui se cache derrière son clavier d’ordinateur et son anonymat pour fesser sur un petit garçon handicapé, quel risque prend-il?
Ce sont ces lâches, ces pleutres et ces minables que la famille Gabriel devrait aussi poursuivre. Malheureusement, ils sont trop nombreux et cachés derrière trop de pseudonymes. Il faudrait poursuivre une «trollée» de trolls.
PAS BEAU MALAISE
J’ai bien hâte de voir comment finira cette cause. Mais en attendant, j’espère que cette poursuite très médiatisée va faire réfléchir toute la meute d’intimidateurs Anonymes qui sévit sur les médias sociaux.
Ceux qui écrivent qu’unetelle devrait se suicider, qui souhaitent qu’untel ait le cancer, qui écrivent qu’untel est donc ben lette, ou qu’unetelle est trop maigre/trop grosse.
J’espère que la prochaine fois, ils y penseront à deux fois avant d’intimider un petit chanteur qui n’a rien fait de mal. Et qui voulait seulement chanter avec Céline et le pape.