La policière ne répondait pas à un appel d’urgence
Elle aurait effectué un demi-tour dans une zone de travaux
Non seulement la policière de Québec qui a heurté mortellement un motocycliste ne répondait pas à un appel d’urgence, elle aurait aussi effectué un demi-tour sur l’autoroute dans une zone de travaux pour emprunter sa sortie.
L’accident qui a coûté la vie à Jessy Drolet, 38 ans, de Sainte-brigitte-desSaults près de Drummondville, est survenu le 10 septembre dernier, vers 23h, sur Laurentienne Sud, à la hauteur de la sortie Georges-muir. Ce jour-là, des travaux sur l’axe nord de l’autoroute forçaient une circulation à contresens sur la voie sud. «Une voie par direction, chaque voie étant séparée par des cônes», confirme Guillaume Paradis, de Transports Québec.
Selon les informations obtenues par Le Journal, la policière circulait alors en direction nord sur l’autoroute Lau- rentienne Sud. Pour une raison inexpliquée, elle aurait quitté sa voie, traversé les cônes orange et tenté un demi-tour en coupant dans la voie inverse afin d’accéder à la sortie Georges-muir. C’est à ce moment qu’elle aurait percuté le motocycliste qui, lui, roulait vers le sud (voir illustration).
AUCUN APPEL
Responsable de l’enquête indépendante découlant de cette collision, la Sûreté du Québec a confirmé hier que la policière impliquée «ne répondait pas à un appel d’urgence» au moment des événements. Les sources consultées par Le Journal affirment même que la policière ne répondait à aucun appel, urgent ou non.
Notons que le Code de la sécurité routière permet notamment aux policiers d’effectuer des demi-tours en situation d’urgence, après s’être assurés de l’absence de danger. Sans cas d’urgence toutefois, ils sont soumis aux mêmes règles que l’automobiliste type, qui se doit de respecter la loi et de conduire avec prudence. La SQ, qui posséderait une vidéo de l’accident capté par les camé- ras de Transports Québec, a rencontré la policière concernée. Les experts se sont rendus sur la scène de l’accident, lundi soir, pour effectuer une reconstitution des événements.
Les gyrophares étaient-ils en fonction? À quelle vitesse circulait la policière? Le motocycliste? Pourquoi avoir effectué ce demi-tour? «C’est des éléments qui font partie de l’enquête, qui est toujours en cours au service des Crimes contre la personne», répond Martine Asselin, porte-parole pour la Sûreté du Québec.
LA MÈRE DEMANDE JUSTICE
Interrogée de nouveau par Le Journal hier, la mère de la victime, qui avait fait une sortie médiatique la veille, espère que la lumière sera faite sur cette affaire.
«C’est triste pour mon garçon. On va laisser aller l’enquête, mais c’est certain que les lumières (de la voiture de police) n’étaient pas allumées. Jessy n’a dû rien voir, s’est désolé Marlène Drolet. Ça ne ramènera pas mon garçon, mais il va falloir qu’elle paye.»
— Avec la collaboration de Nicolas Saillant et Sarah Boucher