La démission coûteuse du jarret noir
Le départ d’un jarret noir du gouvernement est toujours coûteux. C’est un pan important du Québec profond qui quitte le navire.
Le député de Beauce-sud, Robert Dutil, fait cependant bien de tourner le dos à la politique, même si sa démission entraînera une dépense de 600 000 $ pour la tenue d’une élection afin de le remplacer.
Sa relégation aux banquettes arrière de l’assemblée nationale en 2014 par Philippe Couillard était une aberration politique et un gaspillage inexplicable.
Il a été titulaire de plusieurs ministères sous Robert Bourassa, entre 1985 et 1994, puis sous Jean Charest, entre 2008 et 2012.
Il fut, à mon avis, le meilleur ministre de la Sécurité publique au cours des dernières décennies.
De 2010 à 2012, le gouvernement se faisait torpiller par des allégations de corruption.
M. Dutil a piloté le dossier de la création de l’unité permanente anticorruption, L’UPAC, pour faire défiler les criminels devant des juges, répétait-il, plutôt que devant les caméras, durant une commission d’enquête.
Les deux ont finalement été faits, mais L’UPAC compte maintenant parmi les instruments importants de lutte au crime.
M. Dutil a aussi déjà pris la tête d’un mouvement des régions orphelines pour défendre leurs droits face à la concurrence déloyale de leurs voisines qui profitaient d’avantages financiers gouvernementaux.
PAS DE TEMPS À PERDRE
J’ai le même âge que Robert Dutil, 65 ans. Il a conjugué toute sa vie engagement politique et carrière d’homme d’affaires. Avant d’être ministre, il avait été maire de SaintGeorges.
Il a été dirigeant d’entreprises dans le giron de Canam, présidée par son illustre frère, Marcel.
En 2012, il a été laissé pour compte par Philippe Couillard, qui se targuait pourtant de constituer la plus forte équipe économique depuis la Révolution tranquille.
Le premier ministre lui a préféré au conseil des ministres des élus qui lui permettaient d’allier des obligations traditionnelles de représentation régionale et d’équilibre homme femme.
Sa jeune collègue de Bellechasse, Dominique Vien, l’a ainsi supplanté, contre toute logique.
DÉPUTÉ D’ABORD
On répète toujours qu’une personne se présente d’abord pour servir ses concitoyens et qu’un poste de ministre vient en surcroît, au gré de l’humeur et des fantaisies d’un premier ministre.
C’est de la foutaise. Carlos Leitao, Martin Coiteux et autres vedettes n’auraient jamais plongé sans l’assurance de jouer des rôles clés au sein du gouvernement.
Je peux parier que si le PLQ n’avait pas formé le gouvernement, ils ne seraient déjà plus là.
À 65 ans, comme Robert Dutil, le temps compte encore plus. Il lui reste quelques bonnes années pour jouir d’une vie professionnelle gratifiante. Pas plus que lui, je ne les perdrais dans un rôle de simple pion à l’assemblée nationale.
Par ailleurs, il n’a pas besoin d’une indemnité de départ. Il en fera d’ailleurs don.
M. Dutil n’est pas à blâmer pour ne pas effectuer son mandat et forcer la tenue d’une élection complémentaire.
C’est plutôt Philippe Couillard qui l’est pour son clientélisme au détriment de la compétence, lors de la formation de son conseil des ministres.
On répète toujours qu’une personne se présente d’abord pour servir ses concitoyens et qu’un poste de ministre vient en surcroît. C’est de la foutaise