Le Journal de Quebec

L’unité permanente anticorrup­tion sonne l’alarme

Les grandes firmes informatiq­ues « influencen­t » le gouverneme­nt dans sa gestion de contrats

- Jean-nicolas Blanchet l Jnblanchet­jdq

Après une enquête de plusieurs mois, l’unité permanente anticorrup­tion (UPAC) confirme au gouverneme­nt du Québec qu’il est exposé à une «vulnérabil­ité accrue aux crimes» dans sa gestion des contrats informatiq­ues.

En mars dernier, Martin Coiteux, luimême indigné, avait demandé à L’UPAC d’enquêter et de formuler des recommanda­tions sur la gestion des contrats informatiq­ues. Le constat, présenté hier, est plus qu’alarmant pour les contribuab­les qui déboursent 3,5 milliards $ par années pour l’informatiq­ue gouverneme­ntale.

Un stratagème qui «ressemble à ceux constatés dans le milieu de la constructi­on», évalue L’UPAC qui se dit «étonné» de «constater que le réel problème n’était pas le manque de règles, mais bien le fossé entre ces dernières et leur applicatio­n», lit-on.

«Il n’est pas normal qu’il faille attendre l’interventi­on d’un ministre à la suite d’un scandale médiatique pour qu’on suspende ou abandonne un projet informatiq­ue hors de contrôle. Cela démontre que les mesures de contrôle et ceux qui les appliquent ont failli à la tâche», tranche L’UPAC.

LES FONCTIONNA­IRES INFLUENCÉS

L’UPAC «remarque que la majorité des contrats en informatiq­ue au Québec sont répartis entre quelques firmes» et croit que les projets pourraient être divisé pour permettre aux PME de soumission­ner. L’UPAC a «constaté que certaines grandes firmes influencen­t les ministères afin que les projets soient les plus gros possible, limitant ainsi la concurrenc­e».

CONFLIT D’INTÉRÊTS

«Des employés de l’état entretienn­ent des liens privilégié­s avec des représenta­nts de firmes informatiq­ues en omettant d’aviser leur employeur du possible conflit d’intérêts […] Le Commissair­e a constaté que certains employés n’ont jamais déclaré leurs liens familiaux ou amicaux […], tandis que d’autres possèdent une compagnie en informatiq­ue à laquelle ils accordent des contrats».

LE POURQUOI DES EXPLOSIONS DE PRIX

«Un des stratagème­s utilisés par ces firmes consiste à soumission­ner largement sous l’évaluation afin d’obtenir le contrat. Puisque l’analyse et la descriptio­n des besoins sont souvent déficiente­s, cela laisse beaucoup de place aux demandes de changement et à l’imaginatio­n débordante des firmes. Dès lors, on assiste à une explosion des prix», ajoute L’UPAC.

«Tout est mis en place afin d’assurer les suites du rapport», a pour sa part assuré Martin Coiteux, faisant notamment référence à sa réforme annoncée en juin et à une directive adoptée par le Conseil du trésor.

 ??  ?? Le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, et le commissair­e à la lutte contre la corruption, Robert Lafrenière, ont dévoilé hier le rapport de recommanda­tions concernant l’octroi et la gestion des contrats publics en informatiq­ue.
Le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, et le commissair­e à la lutte contre la corruption, Robert Lafrenière, ont dévoilé hier le rapport de recommanda­tions concernant l’octroi et la gestion des contrats publics en informatiq­ue.
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