L’unité permanente anticorruption sonne l’alarme
Les grandes firmes informatiques « influencent » le gouvernement dans sa gestion de contrats
Après une enquête de plusieurs mois, l’unité permanente anticorruption (UPAC) confirme au gouvernement du Québec qu’il est exposé à une «vulnérabilité accrue aux crimes» dans sa gestion des contrats informatiques.
En mars dernier, Martin Coiteux, luimême indigné, avait demandé à L’UPAC d’enquêter et de formuler des recommandations sur la gestion des contrats informatiques. Le constat, présenté hier, est plus qu’alarmant pour les contribuables qui déboursent 3,5 milliards $ par années pour l’informatique gouvernementale.
Un stratagème qui «ressemble à ceux constatés dans le milieu de la construction», évalue L’UPAC qui se dit «étonné» de «constater que le réel problème n’était pas le manque de règles, mais bien le fossé entre ces dernières et leur application», lit-on.
«Il n’est pas normal qu’il faille attendre l’intervention d’un ministre à la suite d’un scandale médiatique pour qu’on suspende ou abandonne un projet informatique hors de contrôle. Cela démontre que les mesures de contrôle et ceux qui les appliquent ont failli à la tâche», tranche L’UPAC.
LES FONCTIONNAIRES INFLUENCÉS
L’UPAC «remarque que la majorité des contrats en informatique au Québec sont répartis entre quelques firmes» et croit que les projets pourraient être divisé pour permettre aux PME de soumissionner. L’UPAC a «constaté que certaines grandes firmes influencent les ministères afin que les projets soient les plus gros possible, limitant ainsi la concurrence».
CONFLIT D’INTÉRÊTS
«Des employés de l’état entretiennent des liens privilégiés avec des représentants de firmes informatiques en omettant d’aviser leur employeur du possible conflit d’intérêts […] Le Commissaire a constaté que certains employés n’ont jamais déclaré leurs liens familiaux ou amicaux […], tandis que d’autres possèdent une compagnie en informatique à laquelle ils accordent des contrats».
LE POURQUOI DES EXPLOSIONS DE PRIX
«Un des stratagèmes utilisés par ces firmes consiste à soumissionner largement sous l’évaluation afin d’obtenir le contrat. Puisque l’analyse et la description des besoins sont souvent déficientes, cela laisse beaucoup de place aux demandes de changement et à l’imagination débordante des firmes. Dès lors, on assiste à une explosion des prix», ajoute L’UPAC.
«Tout est mis en place afin d’assurer les suites du rapport», a pour sa part assuré Martin Coiteux, faisant notamment référence à sa réforme annoncée en juin et à une directive adoptée par le Conseil du trésor.