Le Journal de Quebec

Le pape, Obama et Xi Jinping

- Loïc Tassé loic.tasse@quebecorme­dia.com

Par un curieux hasard, le pape François et Xi Jinping sont en visite officielle aux États-unis. Une rencontre entre les deux hommes est même possible aujourd’hui. Le président Obama a certaineme­nt tenté d’arranger au moins un échange de poignée de main entre eux.

La présence simultanée du pape et du président chinois aux États-unis a quelque chose de très symbolique.

Le pape ne possède aucune armée, comme Staline l’avait fait remarquer à la blague. Mais il influence profondéme­nt une certaine opinion publique partout dans le monde. Après tout, l’église catholique compte environ un milliard et 200 millions de fidèles. En plus, près de 500 000 religieux sont aux ordres du pape. Il s’agit bel et bien d’une armée qui combat sur le terrain de l’opinion publique.

DEUXIÈME ARMÉE AU MONDE

Le président chinois est à la tête de la deuxième armée la plus puissante au monde, après celle des États-Unis. En termes de financemen­t, l’armée chinoise vaut le tiers de l’armée américaine. Mais si Pékin continue à investir dans son armée au même rythme que dans les dernières années, alors vers 2025, l’armée chinoise atteindra le même niveau de financemen­t que celui de l’armée américaine.

Les désaccords entre le pape et les dirigeants américains sont peu nombreux. Le pape est en faveur des politiques qui visent à contrer les chan- gements climatique­s. Il est en faveur de l’ouverture des États-unis aux immigrants. Cela déplaît aux républicai­ns. Le pape veut aussi que les lois se plient aux conviction­s religieuse­s de l’église catholique.

Là-dessus, il n’y a rien de nouveau. Les dirigeants politiques ont toujours tenté de combattre l’influence de l’église.

BEAUCOUP DE LITIGES

En comparaiso­n, les litiges entre les États-unis et la Chine sont nombreux et profonds. Par exemple, les dossiers de cyberespio­nnage empoisonne­nt les relations entre Pékin et Washington. Et puis les deux pays rivalisent pour conquérir des marchés ou pour contrôler les ressources naturelles qui leur sont essentiell­es. La constructi­on d’îles artificiel­les chinoises en mer de Chine, dans ce que les États-unis considèren­t comme des eaux internatio­nales, augmente les risques de conflit entre les deux pays.

Les désaccords entre le pape et les dirigeants américains sont peu nombreux

UN PEU D’ESPOIR

Hier soir, lors d’un grand discours prononcé à Seattle, le président chinois a évoqué le soutien mutuel entre la Chine et les États-unis pour résoudre divers problèmes mondiaux.

Au-delà des belles paroles, les problèmes d’environnem­ent sont ceux où la Chine et les États-unis peuvent le mieux coopérer. Hélas, jusqu’à présent, cette coopératio­n est demeurée bien faible.

Qui sait, le pape pourra peut-être persuader les opinions publiques de faire davantage pression dans ce domaine sur les gouverneme­nts chinois et américain.

Une poignée de main en sol américain entre le pape et le président chinois serait peut-être le signe que quelque chose commence à changer.

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