Le Journal de Quebec

Référendum et niqab divisent

Plusieurs échanges musclés lors du premier débat en français

- Dominique La Haye l Dlahayejdq

Les questions du niqab et de la majorité nécessaire pour la reconnaiss­ance d’un référendum au Québec ont enflammé le premier débat en français entre les cinq chefs des principaux partis politiques fédéraux, hier soir.

Plusieurs échanges musclés ont eu lieu sur le débat houleux entourant le serment de citoyennet­é canadienne et la prestation des services à visage découvert, opposant d’un côté Gilles Duceppe et Stephen Harper à Thomas Mulcair, Justin Trudeau et la chef du Parti vert, Elizabeth May.

«LA PEUR ET LA DIVISION»

Le chef libéral a accusé le premier ministre sortant et le chef bloquiste de «jouer sur la peur et la division» sur cette question. «Si un homme ne peut pas imposer à une femme comment s’habiller, on ne devrait pas avoir un État qui impose à une femme comment s’habiller», a lancé M. Trudeau.

M. Duceppe a rétorqué que cet enjeu ne divise pas et qu’il fait au contraire largement consensus au Québec, nommant au passage les maires de Montréal, de Québec et de Saguenay, qui se sont prononcés contre les cérémonies de citoyennet­é à visage couvert.

Le chef du Nouveau Parti démocratiq­ue (NPD) a pour sa part accusé M. Harper de jouer un jeu politique en faisant de cette question «une arme de distractio­n massive». Le chef conservate­ur a signifié que jamais il ne dirait à sa jeune fille «qu’une femme doit se couvrir le visage».

La question nationale s’est aussi immiscée dans le débat et a donné lieu à des prises de bec entre MM. Duceppe et Harper. Ces derniers ont jeté les gants sur la question de rouvrir ou non la Constituti­on et quant au sort du Sénat.

«On sait que ce n’est pas changeable, on l’a essayé et la seule façon pour les Québécois de sortir de ce problème-là, c’est de se donner un pays», a soutenu le chef bloquiste.

«C’est un débat passé date», a tranché le chef conservate­ur, piquant au vif M. Duceppe. «La souveraine­té est passée date pour le Canada, c’est ce que vous me dites», a-t-il réagi.

Le sujet a aussi donné lieu à des répliques cinglantes entre M. Mulcair et le chef bloquiste au sujet du fameux «lovein» lors du référendum de 1995 et du respect des lois québécoise­s sur les dépenses référendai­res.

TIRS GROUPÉS SUR HARPER

Il y a aussi eu plusieurs tirs groupés des quatre chefs de l’opposition à l’endroit de Stephen Harper sur son bilan environnem­ental, ainsi que sur sa stratégie économique trop axée sur l’industrie pétrolière.

Le chef du NPD, accusé d’avoir une position ambiguë sur le controvers­é projet de pipeline Énergie Est, a soutenu qu’il ne l’approuvera­it pas avec l’actuel système bâclé d’évaluation environnem­entale.

M. Harper a aussi été la cible de ses adversaire­s qui lui ont reproché de ne pas accueillir assez de réfugiés syriens. «Tout le monde a été touché par la photo du petit garçon, mais on doit répondre de façon généreuse et responsabl­e. On ne peut pas juste ouvrir les vannes.»

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Avant de croiser le fer, les cinq participan­ts au débat en ont profité pour fraternise­r.
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