Le Journal de Quebec

Les employés dela Presse sous le choc des coupes

158 emplois, dont 43 à la rédaction, supprimés

- MARIE-CHRISTINE NOËL

Les mines étaient basses hier à La Presse qui a supprimé 158 emplois dont 43 à la rédaction. Il y a une semaine, la direction annonçait la fin de son édition papier en semaine dès 2016.

«Certains ont été rencontrés [pour être licenciés] aujourd’hui. Moi, j’ai gardé mon emploi», a confié, désolée, l’une des rares employées qui a commenté la situation à sa sortie de l’établissem­ent de la rue Saint-jacques à Montréal.

La semaine dernière, La Presse a annoncé qu’elle passera au tout numérique en semaine pour ne garder qu’une publicatio­n hebdomadai­re le samedi. La direction a confirmé hier matin une réduction importante de son personnel.

Cette suppressio­n «touchera 102 emplois réguliers et 56 emplois temporaire­s, pour un total de 158 emplois», a précisé Guy Crevier, le président et éditeur de La Presse dans un communiqué.

Certains employés épargnés par ces coupes ont lâché un soupir de soulagemen­t. «Je viens d’apprendre que je garde mon emploi à La Presse après avoir cru que j’étais au chômage depuis ce matin. Merci la vie!» a écrit le journalist­e sportif François Parenteau sur son compte Twitter.

Pour manifester leur mécontente­ment, les travailleu­rs de bureau et des représen- tants syndicaux du journal ont porté un brassard noir lors de la rencontre avec leur éditeur. Ses déclaratio­ns ont été écoutées dans un silence de plomb dans la salle où étaient massés les travailleu­rs.

«Les employés concernés seront rencontrés aujourd’hui [hier] et auront accès à des mesures de soutien. La presque totalité des départs aura lieu dans trois mois, pour janvier 2016», a indiqué M. Crevier.

Selon lui, le nombre d’employés réguliers reviendra alors au même niveau que 2011, année où il y a eu des embauches massives pour La Presse+.

PLUS DE CONTENU

Les cinq syndicats représenta­nt quelque 600 employés de La Presse ont dit s’inquiéter des conséquenc­es des compressio­ns. Ils soulignent que la production de l’édition numérique exige plus de travail que la version papier, du fait notamment qu’elle présente environ 40 % plus de contenu.

«Selon nous, essayer encore d’en faire plus avec moins n’est pas une option. Au final, ce sont aussi les lecteurs et les annonceurs qui risquent d’en faire les frais», a fait valoir Charles Côté, porteparol­e du syndicat des employés de La Presse (CSN).

Quant à la Fédération profession­nelle des journalist­es du Québec (FPJQ), elle s’est dite «désolée des conséquenc­es humaines de la crise des médias sur les artisans de l’informatio­n», dans un communiqué publié hier.

Peu importe le virage que prennent les médias, et les décisions économique­s qui y sont rattachées, c’est l’essence du journalism­e, indispensa­ble à l’exercice de la vie démocratiq­ue, qui doit être protégée » - FPJQ

Mettre à pied des employés sans respecter la convention collective, c’est illégal » - Le syndicat des travailleu­rs de l’informatio­n de La Presse et de Cyberpress­e

Or, on s’aperçoit que les intérêts économique­s des entreprise­s sont au coeur des décisions d’affaires qui sont prises, et non plus la mission d’informatio­n. Les 158 mises à pied de ce matin à La Presse en sont un exemple éloquent »

- Jacques Létourneau, président de la CSN.

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Charles Côté, porte-parole de l’intersyndi­cale et président du Syndicat des travailleu­rs de l’informatio­n de La Presse (CSN) portait le brassard noir hier pour manifester son mécontente­ment.

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