Mulcair l’a eu facile
À la première occasion, Gilles Duceppe a attaqué Thomas Mulcair sur sa position favorable au port du voile islamique intégral. Mais ce fut trop bref.
«Pour gagner des votes à Toronto, il est prêt à renier l’égalité homme-femme», a lancé le chef bloquiste durant une séquence particulièrement cacophonique du débat d’hier soir.
Mais le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), mal à l’aise dans cette histoire, a préféré esquiver l’attaque du leader bloquiste. On le comprend: depuis plusieurs jours, le NPD est en chute libre partout, y compris au Québec, où le niqab est rejeté par 90 % de la population.
Le chef du NPD a accusé Stephen Harper d’avoir relancé ce débat, à son avis inutile. Le chef conservateur a répliqué qu’il favorisait le vote à visage découvert, mais ses propos se sont ensuite perdus dans une pétarade d’éclats de voix.
LONGUEURS ET MONOLOGUES
Ce débat d’hier soir ne passera pas à l’histoire. Trop de longueurs, de monologues inutiles et les cassettes en «franglais» finissaient par tomber sur les nerfs. Mulcair n’avait qu’une chose en tête: attaquer Harper le plus souvent possible, quitte à parler toujours plus fort. Il a ignoré Trudeau, ou tenté de le faire. Mais le jeune leader libéral ne voulait pas qu’on le déclasse. Et, à une pointe de Gilles Duceppe, il a répliqué, cinglant: «Vous ne pouvez pas faire une différence dans la vie des gens.»
La partie sur les règles entourant un éventuel référendum sur l’indépendance du Québec a provoqué les échanges parmi les plus intéressants. Mulcair et Trudeau se sont colletaillés ferme sur la majorité nécessaire à un Oui. «Il ne parle pas de ça en anglais», a pesté Trudeau.
À son tour, Duceppe a reproché à Mulcair d’avoir participé à la besogne pas toujours glorieuse du camp du Non durant le référendum de 1995.
SURRÉALISTE
Ce débat était quasiment surréaliste, car le Québec n’est pas à l’aube d’un match revanche. Et, d’un calme reptilien, Stephen Harper a déclaré: «Les Québécois sont clairs, ils ne veulent pas d’un autre référendum.»
Handicapée par la langue de Molière, la chef du Parti vert a connu son meilleur moment en accusant Stephen Harper de «saboter les conférences sur les changements climatiques».
Mais Harper a trouvé plus abrasives les attaques de Thomas Mulcair. Le chef du NPD l’a eu plutôt facile et n’aura souffert que durant les sept minutes consacrées au niqab.