On s’arrache encore le panache du Monstre de Matane
Quatre ans après la mort de la bête, l’histoire s’est transformée en véritable saga judiciaire
Plus de quatre ans après la mort de l’orignal mythique surnommé «le monstre de Matane», on s’arrache toujours le panache alors que les procédures se multiplient afin d’identifier le véritable propriétaire du trophée de chasse.
En septembre 2011, le chasseur Jérémy Boileau, avec l’aide du guide de la Sépaq, Claude Lavoie, avait touché mortellement «le monstre», un orignal vedette de la réserve de Matane célèbre pour son panache atypique de 60 pointes. Or, incapable de retrouver l’animal mort en forêt, le chasseur avait abandonné les recherches pour finalement abattre une autre bête le lendemain.
Deux jours plus tard, le guide qui avait poursuivi les recherches avait toutefois retrouvé la carcasse du monstre et récupéré le trophée qui pourrait être vendu jusqu’à 300000$ aux enchères, selon un expert ( voir autre texte). Une enquête des agents de protection de la faune avait toutefois mené à des accusations contre le guide pour avoir omis de le déclarer à un agent de la faune.
POURSUITE CROISÉE
Ainsi, depuis quatre ans, les poursuites et requêtes s’accumulent dans ce dossier. En mars 2012, le chasseur avait d’abord déposé une plainte civile de 96000$ en dommages et intérêts contre le guide alléguant notamment que ce dernier avait tenté de vendre «illégalement» le panache. Ce dernier a répliqué en déposant une poursuite de 275 000 $ pour atteinte à la réputation contre le chasseur. «Le jugement et le témoignage des agents de la faune contredisent la version du chasseur», fait valoir l’avocat du guide Éric Tremblay.
Afin de préserver sa «réputation», le guide Claude Lavoie s’est aussi lancé dans un long procès pénal au cours duquel le juge l’a finalement acquitté. La preuve révèle aussi que le chasseur avait abandonné la recherche du «monstre». «Il [le chasseur] ajoute qu’ils sont venus sur la réserve pour chasser, pas pour faire de la recherche», indique le juge dans sa décision.
L’interprétation du juge est toutefois contestée en appel par le DPCP. «On considère que le juge a erré en droit dans son interprétation de l’article 68», fait valoir le procureur Jean-gabriel L’écuyer.
LOIN D’ UN DÉNOUEMENT
Cette histoire de chasse qui a pris des allures de saga juridique est encore loin de connaître son dénouement. Trois belligérants revendiquent le panache présentement entreposé dans une voûte du bureau régional des agents de la faune à Matane.
En plus de la poursuite civile de Jérémy Boileau, la Sépaq, gestionnaire de la réserve de Matane, revendique l’objet, le DPCP a fait une requête en confiscation du bien saisi et Jérémy Boileau souhaite que l’objet soit confisqué en attendant le résultat de sa poursuite civile.
Une décision est attendue d’ici les fêtes dans ce dossier. La saga entourant cette histoire de chasse est donc entendue dans trois différentes cours de justice.