Des courtiers clandestins au coeur du trafic
Des transferts de dizaines de millions de dollars en argent liquide, par l’entremise d’un réseau clandestin de courtiers financiers au Canada, aux ÉtatsUnis et au Mexique, sont au coeur de cette enquête.
Il s’agit d’un important réseau de Hawala, un système traditionnel de paiement informel impliquant des hommes de confiance, utilisé en Inde et ailleurs dans le tiers-monde, où les gens ne font pas confiance aux banques.
Un Hawala vise à faire circuler l’argent dans un réseau d’agents de change (les Hawaladars). Un client donne une somme d’argent à l’un de ces agents, qui contacte l’agent le plus proche du destinataire de cette somme, et lui demande de lui verser la somme – moins une commission – en échange de la promesse de la lui rembourser plus tard. Ce système fonctionne sans transmission physique d’argent, un atout pour des criminels.
Depuis les attentats terroristes du 11 septembre 2001 aux États-unis, les autorités américaines savent dorénavant que des terroristes et les cartels de trafiquants utilisent les réseaux Hawala pour financer le terrorisme ou le trafic de drogue à l’échelle internationale.
CODES ET JETONS
Concernant la Montréalaise Tina Pham, les documents judiciaires américains font état de quatre années d’écoutes électroniques décrivant un monde où il n’y a que des conversations téléphoniques codées entre les courtiers, connus comme des Hawaladars.
Ils possèdent tous des codes d’identification secrets ou des «jetons» qu’ils doivent échanger et valider avant de transférer des boîtes ou des sacs contenant 100 000 $, 300 000 $ en monnaie, lors de rencontres dans des hôtels, restaurants et fast-foods, par exemple. Fait intéressant, deux des Hawaladars arrêtés ont même mentionné que malgré les problèmes d’arrestations et de saisies d’argent connus par leur propre réseau, les trafiquants de drogue allaient tous continuer à utiliser des Hawalas pour blanchir les produits de leurs ventes illégales parce que les montants d’argent saisis par les policiers «sont insignifiants pour eux».