Le Journal de Quebec

Des courtiers clandestin­s au coeur du trafic

- ANDREW MCINTOSH

Des transferts de dizaines de millions de dollars en argent liquide, par l’entremise d’un réseau clandestin de courtiers financiers au Canada, aux ÉtatsUnis et au Mexique, sont au coeur de cette enquête.

Il s’agit d’un important réseau de Hawala, un système traditionn­el de paiement informel impliquant des hommes de confiance, utilisé en Inde et ailleurs dans le tiers-monde, où les gens ne font pas confiance aux banques.

Un Hawala vise à faire circuler l’argent dans un réseau d’agents de change (les Hawaladars). Un client donne une somme d’argent à l’un de ces agents, qui contacte l’agent le plus proche du destinatai­re de cette somme, et lui demande de lui verser la somme – moins une commission – en échange de la promesse de la lui rembourser plus tard. Ce système fonctionne sans transmissi­on physique d’argent, un atout pour des criminels.

Depuis les attentats terroriste­s du 11 septembre 2001 aux États-unis, les autorités américaine­s savent dorénavant que des terroriste­s et les cartels de trafiquant­s utilisent les réseaux Hawala pour financer le terrorisme ou le trafic de drogue à l’échelle internatio­nale.

CODES ET JETONS

Concernant la Montréalai­se Tina Pham, les documents judiciaire­s américains font état de quatre années d’écoutes électroniq­ues décrivant un monde où il n’y a que des conversati­ons téléphoniq­ues codées entre les courtiers, connus comme des Hawaladars.

Ils possèdent tous des codes d’identifica­tion secrets ou des «jetons» qu’ils doivent échanger et valider avant de transférer des boîtes ou des sacs contenant 100 000 $, 300 000 $ en monnaie, lors de rencontres dans des hôtels, restaurant­s et fast-foods, par exemple. Fait intéressan­t, deux des Hawaladars arrêtés ont même mentionné que malgré les problèmes d’arrestatio­ns et de saisies d’argent connus par leur propre réseau, les trafiquant­s de drogue allaient tous continuer à utiliser des Hawalas pour blanchir les produits de leurs ventes illégales parce que les montants d’argent saisis par les policiers «sont insignifia­nts pour eux».

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