Le Journal de Quebec

Deutschlan­d über alles

- CHRISTIAN DUFOUR Politicolo­gue, auteur et chroniqueu­r christian.dufour@quebecorme­dia.com

Mon allemand s’étant un peu rouillé récemment (hum…!), ne me demandez pas comment se prononce le titre de cette chronique. Il signifie « L’allemagne par-dessus tout » et a été longtemps le nom de l’hymne national de ce pays.

Au départ, c’était un appel aux différents souverains allemands à mettre de côté leurs querelles pour se concentrer sur l’unificatio­n d’un pays morcelé alors en plusieurs États.

L’expression s’étant mise à signifier «L’allemagne doit dominer le monde» sous les nazis, elle a été évidemment écartée dans un pays dont l’hymne officiel, Deutschlan­dlied (Chant de l’allemagne), ne comporte plus qu’un couplet où l’on chante des valeurs universell­es comme la justice et la liberté.

LE LABYRINTHE DU SILENCE

Pourquoi je vous écris cela? Pour que vous couriez voir un film allemand véritablem­ent exceptionn­el, Le labyrinthe du silence, qui est à l’affiche dans tous les bons cinémas près de chez vous, comme on disait autrefois.

Plus allemand que cela, tu te transforme­s en… Volkswagen! Le film est en allemand, mais on s’habitue vite aux sous-titres français d’une oeuvre fascinante, s’adressant à un large public.

L’action se passe en 1958, 13 ans après la fin de la guerre, avec pour principal protagonis­te un jeune procureur de Francfort, une espèce de Robert Redford germanique spécialisé dans les infraction­s routières.

Notre héros est amené à s’intéresser aux abominatio­ns perpétrées lors de la Deuxième Guerre mondiale dans le camp de concentrat­ion d’auschwitz, dont plus aucun Allemand ne veut bien sûr entendre parler.

Comme dans la grande Histoire dont le film s’inspire, cela finira par les premières condamnati­ons de criminels de guerre allemands par des Allemands, au-delà du tribunal institué par les Alliés à Nuremberg en 1945.

LA NOUVELLE ALLEMAGNE

Quelle malédictio­n ce fut longtemps que d’être Allemand! Adolf Hitler en est venu à incarner le mal absolu dans la culture universell­e. On avait vu tellement de films de guerre où les nazis parlaient allemand qu’on associait automatiqu­ement la langue de Mozart et de Goethe à un jargon barbare pratiqué par des monstres inhumains.

Tous les individus se rattachant à la culture allemande étaient plus ou moins suspectés de complicité dans la mise à feu et à sang de l’univers, de même que la torture et de l’assassinat de millions d’êtres humains.

Si vous êtes inquiet pour l’avenir de votre identité, comme bien des francophon­es ces temps-ci dans le monde, alors que leur histoire est pas mal moins dramatique… Si vous voulez voir des Allemands se relever des pires horreurs de leur passé, allez voir ce film qui montre pourquoi l’allemagne est redevenue une nation intéressan­te. Un pays à la fois capable de compassion et de réalisme, comme on le voit à l’égard des réfugiés du Moyen-orient; un pays bien sûr imparfait, comme Volkswagen, qui n’en demeure pas moins l’une des chances d’une Europe qui ne va pas bien.

À BIENTÔT !

Un grand merci à J.-jacques Samson et Michel Dumais pour m’avoir accueilli ces cinq dernières années dans les pages «Opinions» du Journal. Je vous donne rendez-vous dans quelques semaines ailleurs dans ce dernier, pour vous parler tout particuliè­rement d’affaires internatio­nales et de ma passion pour l’histoire.

Pourquoi je vous écris cela? Pour que vous couriez voir un film allemand véritablem­ent exceptionn­el,

Le labyrinthe dusilence

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