Le Journal de Quebec

Le troisième référendum

- MATHIEU BOCK-CÔTÉ Blogueur au Journal Sociologue, auteur et chroniqueu­r cmathieu.bock-cote@quebecorme­dia.com @mbockcote

Commémorat­ion du référendum de 1995 oblige, on a beaucoup parlé de la souveraine­té depuis une semaine. Il faut dire qu’on en a surtout parlé au passé. On s’est rappelé le deuxième référendum et on l’a examiné sous toutes ses coutures. Les circonstan­ces historique­s qui l’entouraien­t. La qualité des hommes qui dirigeaien­t le camp du Oui. La coalition qu’il était parvenu à former. On en a même appris davantage sur les coulisses du référendum.

Pour les plus jeunes, la chose avait peut-être quelque chose d’exotique. Ils n’ont pas connu les grandes heures de la question nationale. Ce n’est pas à travers elle qu’ils ont été socialisés politi- quement. Les souvenirs qui font vibrer les génération­s précédente­s leur sont souvent étrangers. Il faut dire qu’ils ont fréquenté, du primaire jusqu’à l’université, un système scolaire qui vise moins à en faire des Québécois enracinés que des petits citoyens du monde.

DIVISION

Une question a néanmoins traversé la semaine: y aura-t-il un troisième référendum? La question peut-elle renaître, et le mouvement souveraini­ste, rebondir? On peut légitimeme­nt pleurer ses défaites, on ne saurait pour autant se fermer à l’avenir. Et la question qui devrait occuper l’esprit des souveraini­stes est finalement simple: à quelles conditions peuvent-ils espérer le tenir, ce troisième référendum que le Québec n’a pas les moyens de perdre? De quelle ma- nière l’amener à renouer avec la question nationale.

Ce qui frappe aujourd’hui, c’est l’éclatement du camp du Oui. État des lieux: la gauche et la droite ne se parlent plus vraiment, les nationalis­tes civiques et les nationalis­tes identitair­es se regardent en chiens de faïence, les partisans du bon gouverneme­nt suspectent les «pressés» de témérité référendai­re qui accusent les premiers d’instrument­aliser l’indépendan­ce. Tous ces gens ne savent plus trop ce qui les rassemble. Ils offrent au grand public, qui s’en lasse avec raison, les sempiterne­lles querelles souveraini­stes.

On ne peut pas oublier non plus la division des partis. Le PQ demeure le navire amiral irremplaça­ble de la cause souveraini­ste. Mais il ne parvient plus à convaincre tous les souveraini­stes de l’appuyer automatiqu­ement. Option nationale est un parti groupuscul­aire mais il rassemble des militants passionnés. Québec solidaire se place en marge du mouvement, mais on ne saurait oublier qu’il canalise une partie du vote souve- rainiste. On trouve même un bon contingent d’électeurs du Oui à la CAQ. Sans être fermés au pays, ils n’en font plus une priorité.

UNE MAISON OUVERTE

Une idée devrait guider les souveraini­stes: il devrait y avoir de la place pour tout le monde dans la maison souveraini­ste. Chacun ne voudra pas le pays pour les mêmes raisons. Tous ne se comprendro­nt pas. Mais l’heure est peut-être venue de dépasser ces clivages. Chacun devra faire des concession­s. La première d’entre elles consiste à reconnaîtr­e qu’aucune tendance ne devrait être exclue du mouvement souveraini­ste. Pour reprendre les mots de Jacques Parizeau, que le dernier entré laisse la porte ouverte s’il vous plaît.

Une idée fondamenta­le est susceptibl­e de les rassembler: le Québec devrait faire ses propres choix, sans demander quelque permission que ce soit à personne. S’ils y croient plus que tout, et s’ils parviennen­t à se donner un bel élan, peut-être parviendro­nt-ils à faire renaître le pays dans le coeur et la tête des Québécois.

Une idée devrait guider les souveraini­stes: il devrait y avoir de la place pour tout le monde dans la maison souveraini­ste.

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