Le Journal de Quebec

Médias sociaux sous-utilisés par les corps policiers

- NICOLAS SAILLANT

Bien que 86 % des corps de police utilisent les médias sociaux dans le cadre des enquêtes policières, un professeur de criminolog­ie de l’université de Montréal estime que les policiers sont «en retard» sur certaines technologi­es pourtant disponible­s gratuiteme­nt.

Google, Apple et Facebook recueillen­t chaque jour des millions d’informatio­ns sur leurs utilisateu­rs, notamment grâce aux recherches effectuées par ceux-ci sur internet ou au moyen de la géolocalis­ation. Ces données sont suffisamme­nt précises pour permettre de «recréer sa vie» si elles étaient mises ensemble, a illustré le professeur de criminolog­ie Francis Fortin, lors d’une conférence présentée à la Société des criminolog­ues du Québec.

M. Fortin donne aussi l’exemple de Google, qui enregistre toutes les requêtes vocales des téléphones cellulaire­s. «Et on y a accès», assure-t-il.

Si, comme le révèle une étude de l’associatio­n des chefs de police datant de 2013, 86% des corps policiers utilisent Facebook, Twitter ou Linked dans leurs enquêtes criminelle­s, M. Fortin estime que les policiers devraient utiliser davantage ces données en code source libre ( open source).

Un grand nombre de logiciels gratuits permettent de mettre en commun les données accessible­s dans les médias sociaux et de circonscri­re le comporteme­nt des individus, de suspects par exemple, même si ceux-ci sont extrêmemen­t discrets sur leur page. «Nos amis deviennent nos ennemis», certifie M. Fortin.

Limites

Reste que ce genre de vigie a ses limites, nuance le professeur. «Jusqu’à quel point peut-on prévenir les attentats?» demande-t-il.

Si l’analyse des médias sociaux permet de «suivre la menace», par exemple dans le cas de manifestat­ions ou d’attaques terroriste­s, les loups solitaires potentiell­ement dangereux sont difficiles à déceler. «On se rend compte qu’il y a beaucoup de candidats», indique M. Fortin.

Les policiers tentent aussi de faire de l’externalis­ation ouverte ( crowdsourc­ing) par des mots-clics, ce qui permet à des citoyens de dénoncer les individus qui commettent des infraction­s. Ce fut le cas à Vancouver en 2011, lors de l’émeute entourant la présence des Canucks en finale de la Coupe Stanley.

Si la police a demandé à obtenir les photos prises par les citoyens et montrant des casseurs à l’oeuvre, il s’avère que la réponse, parfois trop importante, ralentit les enquêtes en raison de la nécessaire validation des informatio­ns.

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