Le Journal de Quebec

Des autochtone­s craignent des représaill­es

- Baptiste Zapirain

Le Conseil des Attikameks de la réserve de Manawan s’inquiète que plusieurs autochtone­s aient été interpellé­s cette semaine par deux policiers de la Sûreté du Québec qu’ils ne connaissen­t pas, et qu’ils soupçonnen­t de se venger après les dénonciati­ons à Val-d’or.

«C’est de l’intimidati­on, de l’humiliatio­n. C’est scandaleux. On ne se laissera pas faire», a lancé au Journal Jean-roch Ottawa.

Le chef du Conseil des Attikameks de Manawan est en colère devant les agissement­s de deux policiers de la Sûreté du Québec (SQ). Ces derniers se seraient installés jeudi sur la route de Manawan, au nord de Saint-michel-des-Saints, dans Lanaudière, sans prévenir la police de la réserve, comme cela se fait d’habitude. Puis ils auraient interpellé au moins une demi-douzaine d’autochtone­s au volant.

Or, selon les informatio­ns obtenues par le Conseil, ces agents n’appartenai­ent même pas au poste de la SQ de la MRC de Matawinie, qui intervient sur le territoire de la réserve.

«D’après les informatio­ns obtenues par les autorités de la SQ, la présence de ces deux policiers n’était en aucun cas planifiée (par la SQ). Ces deux policiers ont agi de façon volontaire», a écrit le Conseil sur sa page Facebook.

Vengeance

Michel Newashish, un Attikamek de 54 ans, roulait jeudi vers 13 h depuis Manawan vers Saint-michel-des-saints quand il a été interpellé par les deux agents. L’un d’entre eux lui a remis deux contravent­ions, pour excès de vitesse et non-port de la ceinture.

Ce qui a d’abord surpris M. Newashish, c’est qu’il n’avait jamais vu ces policiers, alors qu’il connaît bien les agents de la MRC Matawinie. Mais sa plus grande surprise est venue au moment où l’un d’entre eux s’est adressé à lui.

«Il m’a dit: “Les Indiens vont payer pour ce qu’ils ont fait à la Sûreté du Québec”. J’ai eu peur là-dessus», a raconté au Journal M. Newashish.

Il est convaincu que ces agents se sont déplacés hors de leur territoire assigné pour faire du zèle contre des autochtone­s. Pour lui, il s’agit de représaill­es après les dénonciati­ons à Val-d’or pour agression sexuelle, abus de pouvoir et intimidati­on qui ont entraîné la suspension de huit policiers. «Ça m’a choqué», a-t-il confié. Le même jour, Éric Charland, 36 ans, a lui aussi été intercepté sur la route de Manawan un peu avant 11 h. L’un des deux policiers lui a demandé de s’arrêter et lui a donné un avertissem­ent exigeant de changer ses vitres teintées, trop sombres à ses yeux. «La première chose qu’il m’a dite, c’est: “Je n’ai même pas remarqué si vous étiez une femme ou un homme.” Alors que j’ai une grosse barbe de deux semaines et qu’on me voit à travers les vitres, surtout en plein jour», a raconté M. Charland, vexé par l’attitude «non amicale» de l’agent.

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