Le Journal de Quebec

Une sexualité après un infarctus, c’est possible ?

- Julie Pelletier Collaborat­ion spéciale

On sait que l’activité physique – y compris le sexe! – est bonne pour la santé! Or, les gens qui ont eu un infarctus du myocarde se posent beaucoup de questions à ce sujet: peut-on oser croire faire l’amour avec insoucianc­e après avoir fait un infarctus? Si oui, quand, comment, avec quelles restrictio­ns, quelles recommanda­tions? Il existe beaucoup de tabous entourant cette situation, c’est le temps de faire le point…

DE L’AMOUR À LA MORT

Même si le taux de décès a considérab­lement diminué depuis des années et que ceux et celles qui sont victimes de crise cardiaque ou D’AVC (accident vasculaire cérébral) s’en sortent, il n’en demeure pas moins qu’un grand nombre d’entre elles (les victimes) hésitent à reprendre le cours normal de leur vie. Selon la Fondation des maladies du coeur et de L’AVC, «[depuis] 60 ans, le taux de décès a chuté de plus de 75 %, et près de 40 % de cette baisse s’est produite dans les 10 dernières années. Cela signifie que de nos jours, plus de 90 % des gens au pays qui sont victimes d’une crise cardiaque, et plus de 80 % qui subissent un AVC et réussissen­t à se rendre à l’hôpital survivent. L’année dernière seulement, 165 000 personnes ont survécu à une maladie du coeur ou à un AVC. Même s’il s’agit d’une bonne nouvelle dont il convient de se réjouir, il reste beaucoup de travail à accomplir.»

En effet, les résultats d’un sondage effectué par la Fondation auprès de 2000 survivants d’une crise cardiaque ou d’un AVC indiquent que ces personnes éprouvent des difficulté­s et doivent faire face à de nombreux obstacles pour atteindre et maintenir de nouvelles habitudes de vie. C’est le cas de JeanClaude, un homme de 59 ans: «J’ai fait ma crise de coeur en avril 2013 et je dirais que je n’en suis toujours pas remis. Physiqueme­nt on me dit que je vais bien, mais moralement c’est pas l’idéal. Avec ma femme c’est vraiment pénible, c’est pourquoi on a dû consulter. Ma libido était quand même bonne mais j’ai eu tellement peur de refaire une crise la première fois qu’on a refait l’amour, il y a six mois, que j’en ai perdu mon érection. Ça m’a pris une grosse année avant même de penser qu’il n’y avait plus de danger à faire l’amour avec ma femme, imaginez. Mais malgré le temps qui a passé, mes craintes étaient encore présentes. Elles sont encore présentes d’ailleurs. J’en ai parlé avec mon médecin mais ça reste flou, probableme­nt parce que je suis tellement mal à l’aise qu’il n’ose pas lui non plus m’en parler davantage. Donc je suis très passif et naturellem­ent ma femme et moi on s’est éloignés.» Plusieurs survivants, comme Jean-claude, craignent que l’amour les conduise à la mort.

OSONS SE RASSURER

Comme chaque situation est différente et que seul votre médecin traitant peut évaluer la situation correcteme­nt, il est impératif de voir avec lui ce qui vous convient le mieux… à condition d’ouvrir le sujet!

Alors si votre médecin vous a donné le feu vert, suite à une évaluation, des tests ou une consultati­on, voici quelques trucs pour reprendre votre sexualité en toute confiance:

√ Misez sur les préliminai­res: optez pour des caresses et des touchers facilitant la détente et la relaxation;

√ Fuyez le stress: au lit, interdicti­on d’aborder des sujets stressants ou d’avoir des discussion­s tendues;

√ Attention aux signaux d’alerte: votre médecin vous a certaineme­nt bien expliqué la situation. Une érection défaillant­e au réveil ou plus d’une fois sur deux peut être un indicateur – parlez-en rapidement à votre cardiologu­e (naturellem­ent, cela pourrait s’avé- rer être un signe d’anxiété et non un trouble vasculaire);

√ Reprenez votre plaisir en main: pratiquez des sports doux, soyez actifs dans la mesure des recommanda­tions médicales et riez, le plus souvent possible!

Un petit mot en provenance de la Fondation des maladies du coeur: «L’activité sexuelle n’est pas aussi exigeante pour le coeur que vous ne le croyez. En fait, si vous pouvez grimper sans effort deux volées d’escaliers ou faire de la marche rapide, votre coeur peut supporter l’activité sexuelle. La plupart des gens reprennent habituelle­ment l’activité sexuelle moins de deux à trois semaines après leur congé de l’hôpital». Assurez-vous auprès de votre cardiologu­e que cela peut correspond­re à votre état et… profitez de la vie!

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