De l’exigence à l’ambition
Quand nous pensons à l’avenir de nos enfants, nous voulons leur bonheur à tout prix et nous plaçons haut la barre de nos exigences.
Mais quelle est notre part de responsabilité, à nous, parents, sur un tel sujet? Qu’est-ce qui dépend vraiment de nous? Quels sont nos leviers d’action? De quoi sommesnous vraiment responsables? Et qu’est-ce qui dépend d’eux? Quelle est également la part qui dépend de la vie, des rencontres, des circonstances, du hasard?
En recherchant absolument le bonheur de nos enfants, nous développons une exigence qui devient tyrannique, totale: la «réussite» devient impérative et nous fait craindre chaque écueil. Essayons à présent de garder le même objectif de bonheur et, plutôt que d’en faire un diktat, transformons-le en ambition. Avoir une ambition, c’est définir un cap, cheminer dans une direction, réfléchir aux moyens d’y arriver et construire pas à pas la route qui mène vers ce but, tout en acceptant que, peut-être, nous n’y arriverons pas, car rien n’est jamais certain.
Nouvelle attitude
Par cette nouvelle attitude, nous nous concentrons sur les moyens dont nous disposons et nous incluons l’éventualité que nos enfants puissent ne pas être heureux. Du coup, nous devenons plus souples, plus créatifs, nous amenons nos enfants à réfléchir au bonheur, à nuancer leurs pensées sur les possibilités d’être heureux ou pas, à s’impliquer dans la réalisation de leur propre destinée. Nousmêmes relativisons notre mission de parents en prenant conscience qu’un ensemble d’éléments ne dépendent pas de nous et relèvent de l’aléatoire. Nous pouvons certes mettre beaucoup de choses en oeuvre pour favoriser le bien-être de nos enfants, mais, au final, tout peut advenir.
Et puis, être heureux, qu’est-ce que cela veut dire? Si nous avons notre propre définition, quelle est la leur? Quels sont les ingrédients qui entreront dans leur recette du bonheur?
Qu’attendent-ils de la vie? Même en nous donnant une infinité de moyens, nous n’aurons jamais la garantie à 100 % que nos enfants seront heureux. Le vouloir relève d’une illusion, d’un fantasme.
Basculer de l’exigence à l’ambition, c’est arrêter de vouloir un résultat de façon inconsidérée et se concentrer sur les moyens à mettre en oeuvre pour s’en approcher; la route devient plus intéressante que le but à atteindre. C’est lâcher nos automatismes rigides et opter pour la nuance adaptative de notre système préfrontal. C’est négocier nos objectifs à la lumière du contexte, tout en acceptant que, peutêtre, nous n’arriverons pas à les atteindre tous.
« En recherchant absolument le bonheur de nos enfants, nous développons une exigence qui devient tyrannique » — Brigitte Durruty et Catherine Schwennicke, Parent Zen – Comprendre le stress pour rétablir l’harmonie en famille