Le Journal de Quebec

Une époque d’affronteme­nts

- MARIE-FRANCE BORNAIS

L’historien et généalogis­te Michel Langlois, auteur de la saga Les gardiens de la lumière, Ce pays de rêve et La force de vivre, qui ont séduit plus de 150 000 lecteurs, fait un grand retour cet automne. Sa nouvelle série, Il était une fois à Montréal, plonge les lecteurs dans le Montréal du XIXE siècle, époque d’affronteme­nts entre le clergé et les libres-penseurs.

Son héroïne, Henriette Vachon, est élevée à Sainte-angèle, petite bourgade située en face de Trois-rivières, par sa mère, puis par sa grandmère. Tout le quotidien de son enfance est centré sur les dévotions et les prières des deux femmes, ferventes croyantes catholique­s.

En grandissan­t, Henriette se questionne sur ce mode de vie et se retrouve contre son gré dans une communauté religieuse. Elle réussit à s’en échapper et part à l’aventure vers Montréal, où elle rencontre un jeune homme rebelle, Valois. Les amoureux tentent de trouver le bonheur, à travers les épreuves.

Michel Langlois, romancier de talent et historien chevronné, connaît particuliè­rement bien le contexte religieux puisqu’il a lui-même fait partie d’une communauté religieuse.

«Je veux montrer l’atmosphère et le contexte de vie des gens qui vivaient à Montréal de 1840 à 1890. C’est beaucoup en rapport entre les relations entre l’institut canadien et Mgr Bourget, l’évêque de Montréal», explique-t-il en entrevue. Le romancier explore la période où les ultramonta­ins voulaient que l’église et le clergé dirigent le monde et que les gouverneme­nts soient soumis à l’église. «Il y a eu une lutte énorme, et les libres-penseurs sont apparus, de même que l’institut canadien, qui défend l’ouverture d’esprit. L’institut avait énormément de journaux et de volumes qui avaient été mis à l’index», précise-t-il. «Mgr Bourget les a pris en rogne.»

Henriette et Valois, deux bons catholique­s, seront poussés à quitter leur religion parce que Valois travailler­a pour l’institut et sera excommunié. «Tous les libres-penseurs de l’époque ont été excommunié­s», rappelle-t-il. Michel Langlois rappelle l’époque de l’abbé Chiniquy, qui prêchait la tempérance à Beauport et qui était suivi par des milliers de fidèles. Il a fini par être excommunié lui-même pour ses moeurs légères par l’évêque de Chicago.

«Henriette et Valois vont rencontrer par hasard Eustache de Chantal, qui leur fera voir qu’on peut vivre heureux sans être toujours à remettre son bonheur au ciel, comme c’était enseigné à l’époque.» D’ailleurs, tous les faits historique­s rappelés dans le roman sont exacts. «Quand je cite Mgr Bourget, ce sont ses propres paroles que je mets dans le texte. J’ai étudié tout le personnage à fond. C’était tellement ridicule.»

EN CONNAISSAN­CE DE CAUSE

L’auteur connaît très bien toute la question de la religion. «J’ai été prêtre chez les Capucins pendant 15 ans. Je suis sorti de là en 1971. C’est pour ça que je m’y connais passableme­nt sur le sujet: j’ai tellement eu à réfléchir et à me documenter pour sortir de chez les curés. J’ai vu ce qui s’était passé et le contexte de vie des gens. C’était une espèce de lavage de cerveau que j’avais eu.»

Son point de vue personnel, par rapport à la religion? «Je trouve qu’on a été dominé et gardé dans l’ignorance pendant presque 300 ans. Nos ancêtres ont été pris dans ça et c’est ce que je raconte dans Il était une fois à Montréal: les libres-penseurs n’étaient pas libres de penser ce qu’ils voulaient et d’écrire ce qu’ils voulaient. Dès que ça sortait, ils se faisaient menacer et finissaien­t par être rejetés de la société.»

Michel Langlois, historien et généalogis­te, a fait carrière aux Archives nationales du Québec avant d’écrire des romans qui ont séduit des dizaines de milliers de lecteurs.

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tome 1— Notre union Éditions Hurtubise
432 pages
Michel Langlois Il était une fois à Montréal, tome 1— Notre union Éditions Hurtubise 432 pages
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