Le Journal de Quebec

Savez-vous vraiment conduire?

C’est bizarre à quel point les causes d’accidents sur nos routes sont définies. C’est la vitesse, l’alcool, le cellulaire, la chaussée glissante, etc. À bien y penser, je n’ai jamais entendu quelqu’un mentionner que le conducteur n’avait peut-être pas les

- AVEC BERTRAND GODIN

Au cours des dernières semaines, j’ai regardé l’émission de mon ami Carl Nadeau, Les pires chauffards québécois.

Plusieurs personnes d’âges différents, qui détenaient déjà leur permis de conduire, ont prouvé qu’ils représenta­ient un danger réel pour eux et leur entourage quand ils sont au volant. Je suis certain que ceux qui ont vu l’émission ont fait le même raisonneme­nt que moi : comment ont-ils pu obtenir leur permis de conduire?

Conduire demande beaucoup plus que de connaître la réglementa­tion. Cela exige des connaissan­ces, un sens de l’observatio­n, savoir anticiper et prioriser les éléments et avoir l’attitude appropriée. Des éléments que les participan­ts ne maîtrisaie­nt visiblemen­t (et malheureus­ement) pas.

« JE M’EN CÂLISSE ».

Pour l e gagnant du titre du pire chauffard du Québec, visiblemen­t, c’était une honte de recevoir un tel prix. Et je suis resté estomaqué quand, dans l’émission, le lauréat, un jeune de 18 ans, nous a montré qu’il avait eu le culot de faire imprimer un t-shirt avec l’expression «Je m’en câlisse». Heureuseme­nt, j’ai lu un article où le jeune disait que cette émission lui avait permis d’admettre qu’il était un mauvais conducteur, alors qu’il se croyait plutôt doué pour la conduite, et que devant ce constat, il allait faire des efforts pour s’améliorer.

Cette motivation aussi est importante quand nous prenons le volant : devenir un meilleur conducteur.

J’aimerais bien savoir combien de conducteur­s comme ceux que nous avons vus dans cette émission (ou dans son pendant anglophone) se retrouvent sur nos routes et, malheureus­ement, à cause de leur manque de compétence, causent des accidents.

QU’EN PENSE LA SAAQ?

Je ne sais pas comment les responsabl­es de la SAAQ ont réagi quand ils ont vu l’émission. Pour ma part, le constat est simple : il est sérieuseme­nt temps de remettre en question la formation et les évaluation­s pour l’obtention du permis. Il serait temps d’établir des critères basés sur ce que représente réellement la conduite.

Quand on sait que 40 % de notre conduite dépend de nos connaissan­ces et du sens de l’observatio­n, on peut se demander si ces éléments font l’objet d’une certaine évaluation. Oui, la réglementa­tion, c’est important, mais il y a aussi la connaissan­ce de l’environnem­ent, pour savoir et reconnaîtr­e, par exemple, quel degré d’adhérence la chaussée va offrir au freinage. Quelles sont les intentions des autres conducteur­s? Et, bien sûr, jauger les réactions de notre voiture pour être conscient de ses capacités afin d’agir au bon moment.

FACTEURS HUMAINS ET TECHNIQUES

Les connaissan­ces sont directemen­t liées au sens de l’observatio­n. Je ne parle pas seulement de la qualité de notre vision, mais aussi de savoir regarder les bonnes choses au bon moment, de prioriser les éléments qui se présentent à nous. Les facteurs humains comptent également pour 40 %. Votre but derrière le volant, votre motivation à vouloir bien conduire, votre gestion du stress, votre forme physique et vos facultés sont aussi à prendre en compte. L’autre 20 %, c’est de la technique.

Comme instructeu­r de conduite d’urgence, je constate que 90 % des conducteur­s ne sont pas en mesure de faire face à une situation extrême de dérapage, même à 50 km/h. C’est inacceptab­le dans un pays où les variations climatique­s vont d’un extrême à l’autre.

Qu’on l’aime ou pas, cette émission nous a fait réaliser que la SAAQ doit revoir et repenser l’enseigneme­nt de la conduite automobile et offrir les outils nécessaire­s afin que les conducteur­s soient aptes à circuler sur nos routes en toute sécurité.

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