Québec ignore si ses programmes sociaux sont utiles et efficaces
Les nombreux programmes ont été financés sans remise en question l’an dernier
Québec ignore l’efficacité de ses innombrables programmes sociaux. Même si les règles l’exigent, l’administration publique ne les évalue tout simplement pas.
Ainsi, il est toujours impossible, pour le gouvernement, de conclure formellement que tel ou tel programme remplit sa mission.
Il ne sait pas si les programmes suivants sont efficients: - la «lutte contre la rage du raton laveur»; - «S.O.S. Sécuro» avec dessins pour enfants; - «Pêche en herbe»; - le permis pour gardien de plus de 15 chats; - l’appui à la culture d’arbres de Noël; - «Roulez électrique», «Chauffez vert», ou «Récupérateur de chaleur des eaux de douche».
Il ne sait pas vraiment non plus si le «soutien à la recherche» en matière d’«identité québécoise» touche la cible visée.
Ce ne sont que quelques exemples tirés des centaines de programmes sociaux du Québec.
À l’été 2014, afin d’«assurer une gestion plus rigoureuse», le gouvernement a instauré la Commission de révision permanente des programmes, présidée par Lucienne Robillard.
L’objectif est d’assujettir le panier des programmes et des services «à la capacité de payer des contribuables».
LA DIRECTIVE MAL CONNUE
En février 2014, une Directive gouvernementale a aussi été émise afin de contraindre les ministères et organismes à transmettre l’évaluation annuelle de leurs programmes au Conseil du trésor, qui peut ainsi examiner la gestion de l’ensemble des organisations publiques.
Bref, Québec martèle depuis plusieurs années qu’il faut évaluer et réviser les programmes sociaux afin d’éviter qu’ils soient financés sans remise en question.
Mais, pendant que le gouvernement se préoccupe et réfléchit à la façon de mieux évaluer les programmes, il a décidé de… ne pas évaluer les programmes. L’an dernier, rien n’a été fait, exposent des demandes d’accès à l’information réalisées par la Coalition avenir Québec (CAQ).
La CAQ a demandé à une soixantaine de ministères et organismes de lui fournir leur évaluation de programmes pour la dernière année en vertu de la Directive.
RÉPONSES SURPRENANTES
Trois organisations avaient transmis une évaluation de programmes. La plupart des autres ministères et organismes n’avaient rien transmis.
Un organisme a admis que l’évaluation n’avait pas été réalisée, car le gouvernement ne la demandait pas et n’appliquait pas la Directive. Un autre explique n’avoir pas fait d’évaluation, mais se penchera là-dessus à l’avenir.
Le ministère de la Santé répond même que la Directive a été reportée en raison des travaux de la Commission. Ainsi, étrangement, parce que le gouvernement s’interroge sur la façon de mieux évaluer les programmes, il a été convenu qu’il était préférable de ne pas évaluer les programmes un an de plus.