Le Journal de Quebec

Québec ignore si ses programmes sociaux sont utiles et efficaces

Les nombreux programmes ont été financés sans remise en question l’an dernier

- JEAN-NICOLAS BLANCHET

Québec ignore l’efficacité de ses innombrabl­es programmes sociaux. Même si les règles l’exigent, l’administra­tion publique ne les évalue tout simplement pas.

Ainsi, il est toujours impossible, pour le gouverneme­nt, de conclure formelleme­nt que tel ou tel programme remplit sa mission.

Il ne sait pas si les programmes suivants sont efficients: - la «lutte contre la rage du raton laveur»; - «S.O.S. Sécuro» avec dessins pour enfants; - «Pêche en herbe»; - le permis pour gardien de plus de 15 chats; - l’appui à la culture d’arbres de Noël; - «Roulez électrique», «Chauffez vert», ou «Récupérate­ur de chaleur des eaux de douche».

Il ne sait pas vraiment non plus si le «soutien à la recherche» en matière d’«identité québécoise» touche la cible visée.

Ce ne sont que quelques exemples tirés des centaines de programmes sociaux du Québec.

À l’été 2014, afin d’«assurer une gestion plus rigoureuse», le gouverneme­nt a instauré la Commission de révision permanente des programmes, présidée par Lucienne Robillard.

L’objectif est d’assujettir le panier des programmes et des services «à la capacité de payer des contribuab­les».

LA DIRECTIVE MAL CONNUE

En février 2014, une Directive gouverneme­ntale a aussi été émise afin de contraindr­e les ministères et organismes à transmettr­e l’évaluation annuelle de leurs programmes au Conseil du trésor, qui peut ainsi examiner la gestion de l’ensemble des organisati­ons publiques.

Bref, Québec martèle depuis plusieurs années qu’il faut évaluer et réviser les programmes sociaux afin d’éviter qu’ils soient financés sans remise en question.

Mais, pendant que le gouverneme­nt se préoccupe et réfléchit à la façon de mieux évaluer les programmes, il a décidé de… ne pas évaluer les programmes. L’an dernier, rien n’a été fait, exposent des demandes d’accès à l’informatio­n réalisées par la Coalition avenir Québec (CAQ).

La CAQ a demandé à une soixantain­e de ministères et organismes de lui fournir leur évaluation de programmes pour la dernière année en vertu de la Directive.

RÉPONSES SURPRENANT­ES

Trois organisati­ons avaient transmis une évaluation de programmes. La plupart des autres ministères et organismes n’avaient rien transmis.

Un organisme a admis que l’évaluation n’avait pas été réalisée, car le gouverneme­nt ne la demandait pas et n’appliquait pas la Directive. Un autre explique n’avoir pas fait d’évaluation, mais se penchera là-dessus à l’avenir.

Le ministère de la Santé répond même que la Directive a été reportée en raison des travaux de la Commission. Ainsi, étrangemen­t, parce que le gouverneme­nt s’interroge sur la façon de mieux évaluer les programmes, il a été convenu qu’il était préférable de ne pas évaluer les programmes un an de plus.

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