L’école du 21e siècle?
Si la rumeur se concrétise, le ministre de l’éducation, François Blais, déposera à la mi-novembre le projet de loi qui dessinera l’architecture de l’école québécoise du 21e siècle.
Jusqu’à présent, celui-ci nous a plutôt laissés voir un dirigeant politique qui peine à se dépêtrer avec l’école du 20e siècle et c’est d’autant plus inquiétant de croire que c’est l’homme à qui le premier ministre confiera la tâche de dessiner les plans du futur. Ils furent nombreux à se moquer des sorties surprenantes de son prédécesseur, le ministre Yves Bolduc, nous devons toutefois constater que le ministre actuel arrive à devenir aussi choquant et à nous faire douter de ses capacités à occuper ce poste.
MINISTRE DÉLÉGUÉ
Ministre délégué au Conseil du trésor ou ministre des Blâmes conviendrait mieux comme titre à notre ministre de l’éducation, car il nous a fourni très peu d’occasions de saisir sa vision de l’éducation et de se légitimer dans l’importante fonction qu’il occupe.
Il s’en est pris à tout ce qui bouge, ou presque, dans le monde l’éducation en blâmant allègrement ses fonctionnaires, les parents, les élèves, le personnel enseignant, les commissaires, les universités, etc. Alors qu’il devrait s’affairer à construire l’école avec ses différents acteurs, il s’affaire à les miner et à les transformer en ennemis.
Dans sa course effrénée d’économies, il multiplie les alarmes sur des institutions qu’il voudrait remanier ou faire disparaître sans en mesurer les impacts. Il pousse même l’audace de prétendre que ce serait une erreur d’investir les sommes d’argent disponibles pour les élèves en difficulté.
Il a complètement abandonné, à son comparse du Trésor, le leadership, qu’il aurait dû avoir dans la négociation sectorielle de l’éducation et s’est transformé en amplificateur des restrictions budgétaires découlant de l’austérité, plutôt qu’en défenseur de cette priorité que constitue l’éducation.
LA GRANDE DISTRACTION
Le projet de loi annoncé devrait mettre un terme à la démocratie scolaire en faisant disparaître le suffrage universel pour désigner les commissaires. Certains s’en réjouiront en pensant aux économies d’un scrutin qui n’aura pas lieu. D’autres diront que la faible participation ne donnait pas la légiti- mité nécessaire aux commissaires. Quel que soit le point de vue, une chose est sûre, c’est la disparition d’un contre-pouvoir qui laissera encore plus le champ libre aux élus de la capitale au détriment des aspirations régionales.
Si c’est la légitimité ou les coûts qui titillaient, il aurait été facile d’imiter d’autres provinces canadiennes qui procèdent en même temps que les municipalités ou avec d’autres modalités, comme le vote en ligne ou par téléphone. Mais ce n’est pas la finalité poursuivie par le gouvernement qui veut se débarrasser de ces instances locales ou régionales qui constituent des freins à son autoritarisme.
Contrairement à ce que certains anticipent, nous n’assisterons pas une décentralisation des pouvoirs. Il faut plutôt prévoir une centralisation de ceux-ci entre les mains du ministre. Cela ne l’empêchera pas de décentraliser les responsabilités vers les milieux locaux avec les obligations et les devoirs qui en découlent sans pour autant leur fournir plus de moyens.
Assurément, le ministre est un bon soldat de l’austérité, mais un bien piètre général de l’éducation.
Le ministre s’en est pris à tout ce qui bouge, ou presque, dans le monde l’éducation en blâmant allègrement ses fonctionnaires, les parents, les élèves, le personnel enseignant, les commissaires, les universités, etc.