Les enregistrements en forte hausse
Les Québécois regardent de moins en moins la télévision en direct. Ils préfèrent enregistrer leurs émissions préférées pour les visionner quand bon leur semble. Cette tendance lourde des dernières années s’accentue considérablement cet automne.
Depuis la rentrée, les réseaux voient leur taux d’écoute en différé grimper de façon significative, selon des données confirmées de Numéris compilées par Cossette Média. Chez TVA, Radio-canada et V, on parle d’une augmentation moyenne de 24 % par rapport à septembre et octobre 2014. En heure de pointe, cette hausse atteint 19 %.
Les fidèles de V font particulièrement aller leurs enregistreurs cette saison. L’écoute en différé des émissions de pointe du réseau a augmenté de 47 % par rapport à 2014. Celle de TVA s’est accrue de 6 % et celle de Radio-canada a gonflé de 7 %.
UN ENJEU POUR LES ANNONCEURS
La popularité croissante des enregistrements ne fait évidemment pas le bonheur des diffuseurs, car les annonceurs sont davantage intéressés par les cotes d’écoute en direct.
«C’est un enjeu extrêmement important, d’autant plus qu’on sait que 70 % des messages sont zappés quand les gens écoutent en différé», note Francine Marcotte, viceprésidente et directrice de Cossette Média.
En 2015, les diffuseurs doivent combler ce manque à gagner en vendant du temps de publicité ailleurs, comme leurs plateformes digitales. Jadis exempt de pub, tou.tv regorge maintenant de messages publicitaires. «C’est un secteur en grosse progression», observe Francine Marcotte.
LES FICTIONS EN TÊTE
Sans surprise, les séries de fiction arrivent au sommet du palmarès des types d’émissions les plus enregistrées. Parmi celles qui obtiennent le plus haut taux d’écoute en différé, signalons Mémoires vives à Radio-canada. Au total, la série de Chantal Cadieux attire 1 040 200 personnes en moyenne par semaine: 704 200 la regardent en direct et 336 100 l’enregistrent, pour un taux d’écoute en différé de 32,3 %, le plus haut parmi le top 30 des émissions québécoises les plus populaires. Les Parent et Nouvelle adresse, deux autres séries radiocanadiennes, suivent de près avec des taux de 31,4 % et 31,2 % respectivement.
Les émissions du top 30 affichant le plus bas taux d’écoute en différé sont des bulletins d’information (0,8 % pour Le TVA Nouvelles de 18 h), des rendez-vous de divertissement (4,3 % pour La poule aux oeufs d’or) et des événements sport (rares sont les gens qui attendent quelques jours avant de regarder un match du Canadien).
Quant au Banquier et Tout le monde en parle, malgré leurs énormes auditoires, ils obtiennent un bas pourcentage d’écoute en différé, soit 14,5 %.
«Les gens sont un peu plus disponibles pour regarder la télé le dimanche, note Francine Marcotte. La semaine, ils peuvent avoir toutes sortes d’obligations.»
UNE QUESTION DE COMPÉTITION
Parfois, la compétition des autres réseaux peut expliquer pourquoi une émission obtient un taux d’écoute en différé particulièrement élevé. C’est notamment le cas du Dôme de TVA. Présentée les mardis soir à 20h contre Unité 9 à Radio-canada, la série américaine doublée en français rejoint «seulement» 494 000 téléspectateurs en direct. Mais une fois les enregistrements compilés, son auditoire grimpe à 798000. Depuis septembre, elle affiche donc un taux d’écoute en différé de 38 %, ce qui est énorme. À Télé-Québec, De garde 24/7 présente un taux de 31% les lundis à 19h30, contre Boomerang à TVA et Les Parent à Radio-canada.
Les Québécois sont aussi nombreux à enregistrer En mode Salvail. Près de 100 000 personnes regardent le talk-show de l’animateur en différé, soit 26 % de son public. L’heure tardive de diffusion, 22 h, peut expliquer ce phénomène.