Le Journal de Quebec

Enfants recherchés

Les garderies subvention­nées délaissées pour le privé

- Sophie Côté l Cote_ Sophie sophie.cote@quebecorme­dia.com 418.683.1573 2379

Les garderies subvention­nées sont frappées de plein fouet par un phénomène sans précédent: les places ont été plus difficiles à combler que jamais dans les CPE pour la rentrée, et les garderies en milieu familial, elles, sont nombreuses à ne pouvoir fonctionne­r à plein régime cet automne.

«C’est du jamais-vu et c’est directemen­t lié à la tarificati­on, la modulation des tarifs de garde selon les revenus, tranche le président-directeur général de l’associatio­n québécoise des CPE (AQCPE), Louis Sénécal. C’est une crise qui n’a jamais été rencontrée à ce niveau-là depuis l’implantati­on de la politique familiale, il y a 20 ans.»

DÉFI DE TAILLE

Les derniers mois, confirme le PDG, ont représenté un défi de taille pour les CPE, à Québec comme ailleurs dans la province. «Avant, on appelait une personne sur la liste d’attente et c’était comme avoir gagné à la loto. Cet été, il a fallu faire beaucoup d’appels.» Mais «le plus gros de l’hémorragie, explique M. Sénécal, c’est clair que c’est dans les garderies en milieu familial.»

Ces dernières, que L’AQCPE représente, accréditée­s et chapeautée­s par des bureaux coordonnat­eurs, en arrachent à Québec notamment ( voir article ci-contre). Sur Magarderie.com, elles sont des dizaines et des dizaines à afficher leurs places disponible­s. Certaines le sont depuis des semaines, voire des mois.

«Dans certains cas, les parents font pression pour qu’elles deviennent non subvention­nées, parce que ça leur reviendrai­t moins cher, note M. Sénécal. Et il y a des responsabl­es qui perdent des enfants, donc des revenus, qui choisissen­t carrément de se réorienter et de fermer leur service.»

NOUVELLES RÈGLES DE TARIFICATI­ON

Les nouvelles règles de tarificati­on selon le revenu familial, instaurées en avril par le gouverneme­nt Couillard, pousseraie­nt de nombreux parents de la classe moyenne à «magasiner» leur place, puis à se tourner vers les milieux non subvention­nés, plus avantageux grâce aux crédits d’impôt, observe M. Sénécal, qui souligne que l’attributio­n de permis aux garderies privées non subvention­nées a augmenté de 1300 % depuis 2006.

«Ça nous inquiète de voir le ministère donner l’impression que les services subvention­nés ou non sont de même qualité. C’est vraiment comparer des pommes et des oranges, et ça, les parents ne le savent pas», s’insurge celui qui prédit un printemps difficile pour les services en milieu familial.

«Ce n’est que la pointe de l’iceberg. Les parents paient encore 7,30 $. En avril, quand ils vont remplir leur déclaratio­n d’impôts et réaliser que ça leur coûte 1300 $ de plus par enfant, ça va être un mur», prévient-il.

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 ??  ?? «Ça a commencé au printemps. Plusieurs filles se plaignent que leurs milieux de vie sont vides», rapporte Yannick-isabelle Dubé, responsabl­e d’un service de garde accrédité en milieu familial.
«Ça a commencé au printemps. Plusieurs filles se plaignent que leurs milieux de vie sont vides», rapporte Yannick-isabelle Dubé, responsabl­e d’un service de garde accrédité en milieu familial.
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* Montant après déduction de l’aide fédérale comprenant le 7,30 $ quotidien ** Après déduction des aides provincial­es et fédérales
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