Enfants recherchés
Les garderies subventionnées délaissées pour le privé
Les garderies subventionnées sont frappées de plein fouet par un phénomène sans précédent: les places ont été plus difficiles à combler que jamais dans les CPE pour la rentrée, et les garderies en milieu familial, elles, sont nombreuses à ne pouvoir fonctionner à plein régime cet automne.
«C’est du jamais-vu et c’est directement lié à la tarification, la modulation des tarifs de garde selon les revenus, tranche le président-directeur général de l’association québécoise des CPE (AQCPE), Louis Sénécal. C’est une crise qui n’a jamais été rencontrée à ce niveau-là depuis l’implantation de la politique familiale, il y a 20 ans.»
DÉFI DE TAILLE
Les derniers mois, confirme le PDG, ont représenté un défi de taille pour les CPE, à Québec comme ailleurs dans la province. «Avant, on appelait une personne sur la liste d’attente et c’était comme avoir gagné à la loto. Cet été, il a fallu faire beaucoup d’appels.» Mais «le plus gros de l’hémorragie, explique M. Sénécal, c’est clair que c’est dans les garderies en milieu familial.»
Ces dernières, que L’AQCPE représente, accréditées et chapeautées par des bureaux coordonnateurs, en arrachent à Québec notamment ( voir article ci-contre). Sur Magarderie.com, elles sont des dizaines et des dizaines à afficher leurs places disponibles. Certaines le sont depuis des semaines, voire des mois.
«Dans certains cas, les parents font pression pour qu’elles deviennent non subventionnées, parce que ça leur reviendrait moins cher, note M. Sénécal. Et il y a des responsables qui perdent des enfants, donc des revenus, qui choisissent carrément de se réorienter et de fermer leur service.»
NOUVELLES RÈGLES DE TARIFICATION
Les nouvelles règles de tarification selon le revenu familial, instaurées en avril par le gouvernement Couillard, pousseraient de nombreux parents de la classe moyenne à «magasiner» leur place, puis à se tourner vers les milieux non subventionnés, plus avantageux grâce aux crédits d’impôt, observe M. Sénécal, qui souligne que l’attribution de permis aux garderies privées non subventionnées a augmenté de 1300 % depuis 2006.
«Ça nous inquiète de voir le ministère donner l’impression que les services subventionnés ou non sont de même qualité. C’est vraiment comparer des pommes et des oranges, et ça, les parents ne le savent pas», s’insurge celui qui prédit un printemps difficile pour les services en milieu familial.
«Ce n’est que la pointe de l’iceberg. Les parents paient encore 7,30 $. En avril, quand ils vont remplir leur déclaration d’impôts et réaliser que ça leur coûte 1300 $ de plus par enfant, ça va être un mur», prévient-il.