Le Journal de Quebec

« Il s’invente une vie »

Un gardien dément que Luka Rocco Magnotta se la coule douce au pénitencie­r de Port-cartier

- Emy-jane Déry Collaborat­ion spéciale

La vie en prison de Luka Rocco Magnotta serait loin d’être rose comme celle qu’il a décrite dans des lettres envoyées à un ami. Incarcéré au pénitencie­r de Port-cartier depuis quelques mois, il ne quitterait jamais sa cellule, craindrait les autres détenus et ne participer­ait à aucune activité, selon un employé de l’établissem­ent.

Celui qui a démembré l’étudiant chinois Jun Lin à Montréal en 2012 serait loin de se la couler douce au pénitencie­r fédéral de Port-cartier, a appris Le Journal.

Un employé de l’établissem­ent, dont nous préservero­ns l’anonymat, nous a décrit Luka Rocco Magnotta comme un détenu «timide, réservé et renfermé».

Depuis son arrivée, il y a environ trois mois, il ne semble pas s’être lié d’amitié avec aucun autre détenu. Au contraire, Magnotta craindrait ses congénères.

«Il ne va jamais au gym, il ne sort jamais marcher, il a peur des autres détenus. Il ne s’intègre pas pantoute à la population. Il ne parle pas à personne et personne ne lui parle», a fait savoir l’employé du pénitencie­r de Port-cartier.

« IL ME FAIT PENSER À FRANCIS PROULX »

Le meurtrier quitterait sa cellule uniquement pour aller manger dans la salle commune, avant de rapidement la regagner et de demander même à ce qu’elle soit barrée. «Il me fait penser à Francis Proulx [le meurtrier de Nancy Michaud]. C’est exactement la même affaire. Lui aussi est enfermé la plupart du temps. Il ne sort pas, il mange et c’est tout. C’est la seule chose qu’il fait», a-t-il illustré.

Dans des lettres envoyées à un ami, Luka Rocco Magnotta prétendait pourtant se sentir dans «un environnem­ent universita­ire», alors qu’il jouissait d’une liberté à l’extérieur de sa cellule 90 % du temps.

«Là-bas [à la prison d’archambaul­t], il avait peut-être plus de liberté qu’ici, mais à Port-cartier, je peux garantir qu’il passe plutôt 90 % du temps enfermé dans sa cellule. Il ne fait pas la belle vie», a assuré l’employé.

LOIN DE ROULER SUR L’OR

Magnotta ne travaille pas et ne fait pas d’études non plus au sein de l’établissem­ent. Il est ce qu’on appelle un détenu «chômeur». Il touche en moyenne 25 $ aux deux semaines. Un ami de Magnotta aurait affirmé au Toronto Sun lui avoir donné 5000 $ pour l’aider et de plus, que celui-ci recevait beaucoup d’argent de la part d’admirateur­s.

Une fois de plus, notre contact vient mettre un bémol. «Il est possible, s’il s’agit d’un ami proche, qu’il ait déposé 5000 $ dans son compte, mais ce n’est pas n’importe qui qui peut donner de l’argent aux détenus. Il y a des vérificati­ons de faites et un nombre limité de donateurs autorisés. Et de toute manière, peu importe le solde, ils n’ont pas le droit de dépenser plus de 500 $ par année pour des achats personnels», a-t-il expliqué.

L’employé du pénitencie­r a aussi fait remarquer que Magnotta, qui aurait supposémen­t des centaines d’admirateur­s, est loin de recevoir beaucoup de courrier en provenance de l’extérieur. «J’ai plus l’impression qu’il s’invente une vie pour paraître fort.»

 ??  ?? Luka Rocco Magnotta dans sa cellule à l’établissem­ent Archambaul­t (Sainte-anne-desPlaines) qu’il a quitté pour le pénitencie­r de Port-cartier. À gauche Magnotta, toujours à l’établissem­ent Archambaul­t, avec le pédophile Jonathan Lafrance-rivard, condamné à une peine de 40 mois pour avoir eu des relations sexuelles avec des fillettes qui pouvaient n’avoir que 12 ans.
Luka Rocco Magnotta dans sa cellule à l’établissem­ent Archambaul­t (Sainte-anne-desPlaines) qu’il a quitté pour le pénitencie­r de Port-cartier. À gauche Magnotta, toujours à l’établissem­ent Archambaul­t, avec le pédophile Jonathan Lafrance-rivard, condamné à une peine de 40 mois pour avoir eu des relations sexuelles avec des fillettes qui pouvaient n’avoir que 12 ans.

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