Le Journal de Quebec

Prostate : on passe le test ou pas ?

- richard Martineau richard.martineau@quebecorme­dia.com

Novembre, déjà.

Le mois où des hommes intelligen­ts, majeurs et vaccinés se font pousser des moustaches ridicules pour sensibilis­er la population aux ravages causés par le cancer de la prostate.

Chaque année, en regardant ce défilé de poils bizarroïde­s dignes de Symphorien et de Michel le magicien, je me pose la même question…

Est-ce que je passe le test ou pas?

TOUCHE PAS À MA PROSTATE !

Parce que plus je lis sur la question, moins je sais ce qu’il faut faire.

Selon plusieurs spécialist­es (pas des charlatans qui lisent l’avenir dans une boule de crital, mais des médecins tout ce qu’il y a de plus sérieux), le fameux test de la prostate causerait plus de mal que de bien.

Selon ces sceptiques, beaucoup d’hommes finissent par développer une forme de cancer de la prostate au cours de leur vie. Mais les chances qu’ils meurent de ce cancer (qui n’est agressif que dans 10 % des cas) sont faibles.

Ils ont plus de chances de mourir de vieillesse ou d’une autre maladie que du cancer de la prostate!

En fait, dans beaucoup de cas, c’est quand on tente de traiter le cancer de la prostate qu’on le réveille et qu’on le rend malin!

L’an dernier, le Groupe d’étude canadien sur les soins de santé préventifs (GECSSP) a publié des statistiqu­es intéressan­tes sur le test sanguin de dépistage du cancer de la prostate.

Ces chiffres ont été publiés dans le magazine L’actualité. Selon le GECSSP: – 17,8 % des hommes de 55 ans à 69 ans qui ont été dépistés au moins une fois ont reçu un ou plusieurs résultats faussement positifs lors de trois cycles de dépistage.

– 17,8 % des hommes dépistés à l’aide du test subiront une biopsie inutile en raison de faux positifs. Une biopsie qui risque de causer plusieurs complicati­ons: présence de sang dans l’urine ou dans le sperme, saignement­s rectaux, infection, hospitalis­ation ou même mort du patient.

Plus je lis sur la question, moins je sais ce qu’il faut faire.

– De 40 % à 56 % de tous les hommes diagnostiq­ués avec un cancer représente­nt des cas de surdiagnos­tic: un cancer qui n’aurait jamais causé de symptômes ou de décès est ciblé par des traitement­s inutiles parce qu’il a été identifié.

– De 11,4 % à 21,4 % des hommes traités auront des complicati­ons à court terme, comme des infections, des chirurgies supplément­aires et des transfusio­ns sanguines.

– De 12,7 % à 44,2 % des hommes souffriron­t d’un dysfonctio­nnement érectile à long terme.

– Jusqu’à 17,8 % des hommes souffriron­t d’incontinen­ce urinaire.

– De 0,4 % à 0,5 % des hommes traités mourront des complicati­ons liées aux traitement­s du cancer de la prostate.

ON FAIT QUOI ?

Devant ces statistiqu­es inquiétant­es, les hommes se posent tous la même question: «Le jeu en vaut-il la chandelle?»

Les études, disent ces spécialist­es, sont claires: non seulement il n’existe aucune preuve scientifiq­ue que le test de dépistage sanguin réduise effectivem­ent les risques de mortalité, mais ce test présentera­it peut-être plus d’inconvénie­nts que d’avantages! Alors, on fait quoi? On court la chance de laisser faire? («Je peux effectivem­ent avoir un cancer de la prostate, mais je préfère ne pas le savoir»)

Ou on passe quand même le test?

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada