Turbo-denis et sa ville pauvre
C’est en Chine que Denis Coderre célèbre son mi-mandat deux ans après avoir été élu maire de Montréal. À la tête d’une imposante délégation commerciale, l’hyperactif élu affirme qu’il doit agir comme l’ambassadeur numéro un de la ville, un rôle qu’il a abondamment joué compte tenu du nombre élevé de voyages à l’étranger qu’il a faits durant ces deux années.
Ce voyage résume à lui seul le genre de bilan que présente monsieur Coderre à mi-mandat. C’est un maire sur le turbo, présent partout, qui fait flèche de tout bois. Ses journées sont on ne peut plus remplies et les réseaux sociaux font état en temps réel de ses innombrables rencontres et apparitions publiques. Par contre, le caractère économique de ce périple nous rappelle à quel point Montréal a besoin d’investissements et d’emplois.
CHIFFRES ACCABLANTS
Les adversaires politiques de Denis Coderre ont monté un dossier sombre de son bilan économique. Depuis son arrivée, le chômage est passé de 9 % à 10,7 %, le nombre de chômeurs dans la métropole ayant augmenté de plus de 20 000. Le taux de vacance dans les locaux du centre-ville aurait atteint un sommet en 10 ans et Montréal est passée au dernier rang des villes canadiennes pour l’entrepreneuriat.
Cela va de soi, ce bilan préparé par l’opposition pour condamner le maire est incomplet. Il y a aussi des aspects plus encourageants. Cependant, les données sont réelles et Montréal a bel et bien détenu la palme du chômage au Canada pour une bonne partie de 2015.
Les données sur le marché locatif pu- bliées hier indiquent que le loyer moyen se situe à 757 $ pour Montréal. Ce chiffre ne se situe pas dans le même ordre de grandeur que les autres métropoles canadiennes comme Toronto (1274 $) ou Vancouver (1360 $). Même à Halifax, le loyer mensuel moyen dépasse 1000 $. Vous me direz que le logement plus abordable représente un avantage? C’est le prix de consolation des perdants. Dans les pays où tout va mal, l’immobilier ne coûte jamais cher…
TALON D’ACHILLE
Personne ne lui enlèvera le mérite d’avoir comblé admirablement le vide de leadership qui avait accablé Montréal. Personne ne lui enlèvera le mérite d’avoir rendu Montréal incontournable du point de vue politique, comme il l’avait promis. Personne ne niera qu’il exerce une présence dynamique dans la vie montréalaise et assure le rayonnement de la ville à l’extérieur. Malgré tout, l’absence de résultats économiques probants représente une menace bien tangible à la crédibilité de son bilan. Il lui reste la deuxième moitié du mandat pour redresser la situation. Rapidement, nous devrions pouvoir sentir que le maire devient obsédé par l’état de l’économie de sa ville.
Une ville, tout comme un gouvernement, ne crée pas directement d’emplois. Par contre, les conditions qui y règnent peuvent être propices ou non à l’investissement et à la création d’entreprises.
Celui qui fait de l’économie une obsession parle de cela tous les jours, élimine les embûches pour les entrepreneurs et axe ses interventions auprès des gouvernements supérieurs sur l’emploi.
Denis Coderre ne peut complètement redonner une fierté à sa ville sans l’enrichir.
Les problèmes soulevés démontrent à quel point l’économie pourrait devenir le talon d’achille de Monsieur Coderre.