Que fera Trudeau?
Bombardier n’a pas besoin d’un lobbyiste pour essayer de convaincre le nouveau gouvernement de Justin Trudeau d’investir lui aussi, à l’instar de Québec, dans la survie du Cseries.
Le gouvernement Couillard s’en charge! Sitôt que le nouveau ministre fédéral de l’industrie sera nommé, cette semaine, le ministre de l’économie, Jacques Daoust, l’interpellera en vue de lui soutirer idéalement un autre 1,3 G$ pour le Cseries.
Question: le gouvernement Trudeau se montrera-t-il plus habile que son homologue québécois?
En échange d’un investissement majeur, réussira-t-il à se faire octroyer un bloc d’actions de Bombardier au lieu de se faire donner, comme c’est le cas pour Québec, seulement une participation dans le projet hautement risqué du Cseries?
Lorsque le gouvernement Harper avait investi des milliards de dollars dans la survie de GM, il avait obtenu en retour un bloc d’actions proportionnel à son investissement.
Le gouvernement Trudeau exigera-t-il la même chose des actionnaires de contrôle de Bombardier? On se le souhaite!
L’EXPLOITATION DE QUÉBEC
Le 11 août dernier, les deux principaux dirigeants de Bombardier se sont fait octroyer d’immenses blocs d’options pour acheter des actions au prix d’exercice de 1,65 $.
Alain Bellemare a reçu un peu plus de 5,2 millions d’options.
Et Pierre Beaudoin a obtenu 4,6 millions d’options. Les autres hauts dirigeants se sont également partagé des millions d’options, au même prix de levée.
Le 5 octobre dernier, c’était au tour des membres du Conseil d’adminis- tration de s’auto… gratifier en s’octroyant des blocs de droits de souscription leur permettant d’acheter des actions au prix de 1,56 $.
Au nombre des bénéficiaires, on retrouve notamment des actionnaires de contrôle, Laurent Beaudoin et André J.R. Bombardier. Ils ont reçu 32 190 droits de souscription chacun.
DROITS DE SOUSCRIPTION
Ces prix d’exercice de 1,65 $ et 1,56 $ ont été déterminés en fonction du prix auquel les actions se négociaient durant les deux périodes visées, août et octobre.
Or, dans le cas de l’entente qu’il vient de conclure avec Bombardier, le gouvernement Couillard s’est fait offrir un bloc de 200 millions de droits de souscription à un prix exagérément élevé, soit à 2,21 $.
Lors des séances boursières qui ont précédé l’annonce de la généreuse contribution de 1,3 G$ du gouvernement du Québec, l’action de Bombardier se négociait dans une fourchette de 1,45 $ à 1,61 $.
Pour être équitable envers Québec, Bombardier se devait d’émettre les droits de souscription non pas à 2,21 $, mais plutôt à un prix maximum allant de 1,55 $ à 1,60 $. Québec s’est fait refiler des droits de souscription à un prix supérieur au marché de 38 %!
SOMME DE 442 M$
Sachez que le gouvernement du Québec devra débourser une somme de 442 millions de dollars (200 millions X 2,21 $) pour mettre le grappin sur les actions de Bombardier reliées aux droits en question.
Notez que cette somme s’ajoute au 1,3 milliard $ que le gouvernement Couillard va injecter dans la nouvelle société en commandite du Cseries.