Le Journal de Quebec

Que fera Trudeau?

- Michel Girard michel.girard@quebecorme­dia.com

Bombardier n’a pas besoin d’un lobbyiste pour essayer de convaincre le nouveau gouverneme­nt de Justin Trudeau d’investir lui aussi, à l’instar de Québec, dans la survie du Cseries.

Le gouverneme­nt Couillard s’en charge! Sitôt que le nouveau ministre fédéral de l’industrie sera nommé, cette semaine, le ministre de l’économie, Jacques Daoust, l’interpelle­ra en vue de lui soutirer idéalement un autre 1,3 G$ pour le Cseries.

Question: le gouverneme­nt Trudeau se montrera-t-il plus habile que son homologue québécois?

En échange d’un investisse­ment majeur, réussira-t-il à se faire octroyer un bloc d’actions de Bombardier au lieu de se faire donner, comme c’est le cas pour Québec, seulement une participat­ion dans le projet hautement risqué du Cseries?

Lorsque le gouverneme­nt Harper avait investi des milliards de dollars dans la survie de GM, il avait obtenu en retour un bloc d’actions proportion­nel à son investisse­ment.

Le gouverneme­nt Trudeau exigera-t-il la même chose des actionnair­es de contrôle de Bombardier? On se le souhaite!

L’EXPLOITATI­ON DE QUÉBEC

Le 11 août dernier, les deux principaux dirigeants de Bombardier se sont fait octroyer d’immenses blocs d’options pour acheter des actions au prix d’exercice de 1,65 $.

Alain Bellemare a reçu un peu plus de 5,2 millions d’options.

Et Pierre Beaudoin a obtenu 4,6 millions d’options. Les autres hauts dirigeants se sont également partagé des millions d’options, au même prix de levée.

Le 5 octobre dernier, c’était au tour des membres du Conseil d’adminis- tration de s’auto… gratifier en s’octroyant des blocs de droits de souscripti­on leur permettant d’acheter des actions au prix de 1,56 $.

Au nombre des bénéficiai­res, on retrouve notamment des actionnair­es de contrôle, Laurent Beaudoin et André J.R. Bombardier. Ils ont reçu 32 190 droits de souscripti­on chacun.

DROITS DE SOUSCRIPTI­ON

Ces prix d’exercice de 1,65 $ et 1,56 $ ont été déterminés en fonction du prix auquel les actions se négociaien­t durant les deux périodes visées, août et octobre.

Or, dans le cas de l’entente qu’il vient de conclure avec Bombardier, le gouverneme­nt Couillard s’est fait offrir un bloc de 200 millions de droits de souscripti­on à un prix exagérémen­t élevé, soit à 2,21 $.

Lors des séances boursières qui ont précédé l’annonce de la généreuse contributi­on de 1,3 G$ du gouverneme­nt du Québec, l’action de Bombardier se négociait dans une fourchette de 1,45 $ à 1,61 $.

Pour être équitable envers Québec, Bombardier se devait d’émettre les droits de souscripti­on non pas à 2,21 $, mais plutôt à un prix maximum allant de 1,55 $ à 1,60 $. Québec s’est fait refiler des droits de souscripti­on à un prix supérieur au marché de 38 %!

SOMME DE 442 M$

Sachez que le gouverneme­nt du Québec devra débourser une somme de 442 millions de dollars (200 millions X 2,21 $) pour mettre le grappin sur les actions de Bombardier reliées aux droits en question.

Notez que cette somme s’ajoute au 1,3 milliard $ que le gouverneme­nt Couillard va injecter dans la nouvelle société en commandite du Cseries.

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