Le Journal de Quebec

Tous les coups sont permis

Le NASCAR doit assumer la responsabi­lité de la controvers­e à Martinsvil­le

- Louis Butcher l Lbutcherjd­m

La nouvelle formule des séries éliminatoi­res en NASCAR, institué il y a quelques années, a non seulement ravivé l’intérêt des amateurs en fin de calendrier, mais aussi, et surtout, fait monter d’un cran le degré de tension chez les pilotes impliqués dans la course au titre.

Mais les incidents qui ont marqué les derniers tours de l’épreuve de Martinsvil­le, remportée in extremis par le vétéran Jeff Gordon dimanche, ne sont pas de nature à redorer l’image d’une discipline en mal de popularité.

Quand Matt Kenseth s’est pointé immédiatem­ent derrière le meneur Joey Logano, on se doutait bien que le pilote de l’écurie Penske se trouvait dans une situation vulnérable et que ses chances de remporter une quatrième victoire de suite en Coupe Sprint seraient anéanties.

C’était écrit dans le ciel. Kenseth, qui avait perdu une belle chance d’accéder à la troisième ronde de la «Chase» lorsqu’il avait été frappé par ce même Logano deux semaines plus tôt, n’allait pas rater l’occasion de lui rendre la pareille.

Et il y est parvenu. Malgré 10 tours de retard sur le meneur, faut-il le rappeler, Kenseth s’est vengé. Avec fracas et sans dentelle.

Il a bousculé son adversaire sans lever le pied pour s’assurer de ruiner son parcours dans le mur de protection.

SUSPENSION ET AMENDE

On a certes raison de critiquer le comporteme­nt du pilote de l’équipe Joe Gibbs. Kenseth mérite une suspension et une amende salée.

Ce geste n’a pas sa place en course automobile.

En contrepart­ie, il faudrait d’abord montrer du doigt la série NASCAR qui, depuis trop longtemps, accorde le droit à ses animateurs de se bousculer sur la piste.

Depuis le début de la «Chase» particuliè­rement, tous les coups sont permis. On alimente la controvers­e sans punir.

Kenseth lui-même a déclaré au Kansas que les dirigeants du NASCAR avaient perdu le contrôle de la série. Il a voulu en faire la preuve dimanche en provoquant un accident. Force est d’admettre qu’il a réussi.

DERBY DE DÉMOLITION

La série NASCAR perd des adeptes autant sur les circuits, où elle ne réussit plus à remplir ses tribunes, qu’à la télévision.

Est-ce vraiment la bonne façon de reconquéri­r son public? On espère que non.

Au rythme des récents événements, on a l’impression que ce fleuron de la course automobile chez nos voisins du Sud prend de plus en plus la forme d’un derby de démolition.

La série NASCAR n’a certes pas besoin d’une telle réputation au moment où les commandita­ires ne se bousculent plus aux portes et désertent la discipline.

Allez donc demander au patron de Dollar General, dont l’entreprise dépense des millions de dollars sur le NASCAR, s’il a apprécié de voir son pilote commettre un geste aussi controvers­é?

Poser la question, c’est y répondre.

 ??  ?? Pour se venger de Joey Logano, le pilote Matt Kenseth, malgré un retard de 10 tours sur le meneur, a bousculé le bolide de son adversaire sans lever le pied pour s’assurer de ruiner son parcours dans le mur de protection.
Pour se venger de Joey Logano, le pilote Matt Kenseth, malgré un retard de 10 tours sur le meneur, a bousculé le bolide de son adversaire sans lever le pied pour s’assurer de ruiner son parcours dans le mur de protection.
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