Les artistes seront-ils au 7e ciel avec Trudeau ?

J’arrive des Maritimes. Plus précisément de Terre-Neuve et de Nouvelle-écosse. Dans ces deux provinces, non seulement les artistes nagent dans le bonheur à la suite de l’élection de Justin Trudeau, mais deux chauffeurs de taxi m’ont même dit qu’avec le nouveau gouvernement, la culture se portera beaucoup mieux. Les taxis en ont même oublié Uber. Pour l’instant, en tout cas!

Les contributions les plus notoires de Stephen Harper à la culture resteront sans doute ses propres prestations. S’accompagnant lui-même au piano, n’a-t-il pas chanté With a Little Help from My Friends des Beatles au Centre national des arts d’ottawa, en compagnie du célèbre violoncelliste Yo-yo Ma? Il ne faut pas oublier son histoire des Maple Leafs de Toronto, son équipe fétiche, et les deux «caméos» qu’il a enregistrés pour les séries télévisées Corner Gas et Murdoch Mysteries.

Les artistes ont déjà oublié ça. Ils retiennent plutôt qu’en 2008 Stephen Harper a coupé 45 millions $ dans la culture, dont deux programmes cruciaux pour le rayonnement de nos créateurs à l’étranger, celui de Promart qui soutenait les tournées et le programme Routes commerciales destiné au développement des marchés. Les 5,4 millions $ ainsi économisés chaque année par l’état ont occasionné des pertes de revenus du double pour les compagnies artistiques.

L’ENNEMI NUMÉRO 1

Depuis ces coupes, les artistes ont fait de Harper leur ennemi nº 1. Leur hargne s’est encore accentuée lorsque le fédéral a dépensé 28 millions $ pour commémorer la guerre de 1812, subventionné généreusement le stampede de Calgary et le football, et promis près d’un demi-milliard pour les diverses manifestations qui marqueront le 175e anniversaire de la Confédération.

Même si les conservateurs n’ont rien fait d’irréparable dans le domaine de la culture, les artistes voient déjà Justin Trudeau comme le messie. Il le deviendra sûrement pour peu que son gouvernement s’acquitte de la plupart de ses promesses. Le prochain (ou probablement la prochaine) ministre responsable de la culture et du patrimoine a besoin d’avoir la langue bien pendue pour convaincre ses collègues de laisser pleuvoir une telle manne sur les artistes.

PAROLES, PAROLES ?

Justin Trudeau a promis de doubler le budget du Conseil des arts du Canada, d’enrichir de 150 millions $ la subvention annuelle à Radio-canada, de verser chaque année 25 M$ de plus dans la cagnotte de Téléfilm et dans celle de l’office national du film, de rétablir l’aide aux tournées et au développement des marchés, soit entre 5 et 6 millions par an!

À ces 385 millions annuels supplémentaires s’ajouteraient les sommes qui reviendraient à la culture et au patrimoine à partir des 125 milliards qui doivent être consacrés aux infrastructures dans les 10 prochaines années. Le conservateur du musée de Vancouver se voit déjà, j’en suis sûr, installé dans un immeuble tout neuf et la directrice du musée Mccord de Montréal aussi. Mais il y a plus d’une vingtaine de musées tout aussi importants que ceux-là au pays, sans compter la pléthore de petits musées qui tirent le diable par la queue. Bonjour les chicanes de clocher!

Si ce ne sont pas que de belles paroles de la part de Justin, il se montrerait donc envers la culture beaucoup plus généreux que tous les premiers ministres depuis la Confédération, y compris Pierre-elliott Trudeau, son illustre père.

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