Le Journal de Quebec

LOUISE DESCHÂTELE­TS

- louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

Le suicide, un acte de courage ou de lâcheté?

Chaque année en février, durant la semaine de la prévention du suicide et lors de la journée mondiale de la prévention du suicide comme aujourd’hui, j’écris un témoignage pour ceux et celles qui en ont vécu un, ou qui viennent tout juste d’en vivre un. Personne n’oublie jamais ce genre d’évènement, même s’il nous faut poursuivre notre route en dépit d’un tel drame.

Voici un bout de ma vie pour aider ceux et celles qui traversent l’épreuve du suicide d’un proche. Le à 23 heures, deux policiers ont sonné chez-moi pour m’annoncer la mort de mon frère alors âgé de 47 ans. Et c’est grâce à un organisme de Saint-jérome que je suis passée au travers. On m’a fait comprendre que ce n’était pas la mort que mon frère souhaitait, mais plutôt la fin de ses souffrance­s.

Bien sûr il m’avait envoyé des indices du geste qu’il songeait à poser. Mais comme on me l’a appris, ces signaux étaient trop difficiles à décoder pour que je les voie. Comme c’est souvent le cas d’ailleurs. On m’a aussi fait comprendre que mon frère n’était ni lâche ni courageux en posant ce geste. Le problème c’est que la vie lui était devenue insupporta­ble parce qu’il avait atteint sa limite de tolérance et qu’il n’était plus en mesure d’envisager d’autres avenues que celle-là.

J’avais fait tout ce que je pouvais pour l’aider sans jamais penser qu’il se rendrait à cette extrémité. J’ai appris aussi que le suicide est un problème complexe déterminé par l’interactio­n de plusieurs facteurs, et que si la majorité des personnes suicidaire­s souffrent de dépression, toutes vivent une grande détresse. Le pire restant toujours les survivants des suicidaire­s, je voudrais leur dire de ne pas hésiter à faire comme moi en allant chercher de l’aide. La culpabilit­é que l’on éprouve en de tels moments est si lourde à supporter qu’il est presque impossible de s’en sortir par soi-même. « Je te salue frérot, quel que soit l’endroit où tu habites maintenant!

Avec tout mon amour XXXXXX

J’ai cru bon que nonobstant le fait que je ne pouvais présenter votre mot le jour-même de sa réception, et que même si la semaine de prévention du suicide était encore loin, votre message allait certaineme­nt trouver toute sa pertinence chez tous les endeuillés par suicide qui se débattent actuelleme­nt dans le marasme de leurs émotions et qui auraient besoin de ce coup de pouce de votre part. Voici le numéro d’une ligne d’interventi­on à l’intention de ces personnes : 1-866- APPELLE ( 277-3553)

L’art de se libérer, sans faire de vagues, du poids d’une religion

Je m’adresse à Gilles qui vous écrivait son désir d’apostasier de la religion catholique pour faire savoir à la terre entière qu’il ne veut plus de cette religion dans sa vie. C’est bizarre, mais je le soupçonne de vouloir poser ce geste avec éclat parce qu’il a été abusé par des prêtres comme la moitié des Québécois. L’apostasie, c’est sa façon à lui de se défouler et de déverser sa haine envers le clergé en faisant approuver son geste par le plus de monde possible.

Adhérer à la religion fut pendant longtemps obligatoir­e pour tout le monde ici. Heureuseme­nt depuis 75 ans, ce n’est plus le cas, à moins que Gilles ne se sente encore sous l’emprise de ses parents. Moi j’ai abandonné ma religion tout doucement et sans bruit il y a 55 ans. Et pour son informatio­n, même si on n’oublie jamais complèteme­nt de tels gestes de la part du clergé, on peut arriver comme moi à passer par-dessus.

Un homme en paix

Je ne sais si votre évaluation de cette situation est juste, mais même si tel n’étais pas le cas, le fait de savoir que d’autres parviennen­t à cicatriser une plaie d’abus sexuel commis par le clergé, va certaineme­nt donner de l’espoir à plusieurs.

Pensée du jour Je crois qu’il faut presque toujours un coup de folie pour bâtir un destin.

- Marguerite Yourcenar

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada