« Régime de peur »
Dominique Payette n’est pas tendre envers les radios parlées de Québec
Les radios parlées auraient instauré un «régime de peur» à Québec, révèle la professeure et ex-candidate péquiste Dominique Payette, dans le rapport commandé par Pauline Marois après sa cuisante défaite aux dernières élections générales.
«On est en train d’instaurer un régime de peur dans la région de Québec, et c’est dangereux», aurait déclaré Mme Payette, en dévoilant hier, les grandes conclusions de son rapport uniquement aux journalistes du Devoir, du Soleil et de Radio-canada.
Le document portant sur l’information à Québec devrait être rendu public aujourd’hui. L’ex-première ministre Pauline Marois en commenterait aussi le contenu ce matin.
En mai dernier, Le Journal avait révélé qu’à même l’enveloppe accordée aux exchefs de gouvernement, Mme Marois avait confié en catimini à Mme Payette un contrat de gré à gré d’un montant de 24500$ – 500$ de moins que le seuil d’appel d’offres – pour produire un panorama sur les médias de la capitale.
Le travail aurait finalement été effectué pour 16000$. Selon ce qui a été rapporté, l’analyse d’une cinquantaine de pages rédigée par Mme Payette reposerait sur le contenu de sept émissions diffusées entre le 2 et le 6 février 2015, au FM93, à Radio X et Énergie.
Mme Payette s’inquiéterait de constater que certains animateurs de radio bénéficient désormais de tribunes à la télévision et dans certains quotidiens, vraisemblablement TVA-LCN et Le Journal, lesquels ont vu leurs demandes d'entrevues avec l'auteure du rapport demeu
rer sans réponse, hier.
SUJET DE PRÉDILECTION
La mairesse de Lac-delage, qui enseigne aussi le journa
lisme à l’université Laval, s’intéresse depuis plus d’une dizaine d’années aux radios parlées de Québec. En 2004, Mme Payette, qui enseignait alors le journalisme radio à l’université de Montréal, s’était réjouie de la décision du CRTC de ne pas renouveler la licence de CHOI-FM.
«Cette fois, c’est la bonne, avait-elle alors déclaré dans une lettre ouverte publiée dans les pages du Devoir. [...] La liberté d’expression […] peut-être même se porte-t-elle mieux.»
Un 2007, elle avait contribué à une étude dans laquelle elle montrait du doigt le manque d’équité et de neutralité de radios comme CHOI et le FM93.
En 2011, la ministre libérale de la Culture et des communications d’alors, Christine St-pierre, avait donné à Mme Payette, une ex-collègue de Radio-canada, 300000$ pour livrer un vaste rapport dans lequel elle invitait les radios à un plus grand respect des normes journalistiques et règles déontologiques.
CANDIDATE DÉCHUE ET AMÈRE
Pour expliquer sa défaite dans Charlesbourg, en 2014, Mme Payette avait aussitôt montré du doigt les radios parlées.
«Les radios de Québec nous avaient amenés au “Caquistan”, maintenant, les radios de Québec nous amènent au Parti libéral», avait lancé, visiblement amère, la candidate déchue, qui rejetterait désormais, dans son tout dernier rapport, le concept de «mystère Québec».
—Avec la collaboration de Sophie Côté