Le Journal de Quebec

Ce qui change aujourd’hui

- CLAUDE VILLENEUVE cclaude. villeneuve @quebecorme­dia.com L@ vclaude

Ce matin, les Canadiens découvriro­nt leur nouveau gouverneme­nt. De nouveaux visages, dont certains assez jeunes, descendron­t d’un autobus et s’inviteront dans nos bulletins de nouvelles et dans les pages de nos journaux.

L’arrivée des conservate­urs, après plus de douze ans de règne libéral, avait provoqué le même genre de curiosité en 2006. On ne savait pas encore, à l’époque, à quel point cette nouvelle donne allait introduire des changement­s déterminan­ts. Stephen Harper, minoritair­e, s’était fait élire avec cinq engagement­s minimalist­es.

Cette fois-ci, c’est le contraire. Après avoir tiré profit des faibles attentes à son endroit au cours de la campagne, Justin Trudeau semble maintenant s’évertuer à les faire monter. Cabinet pa- ritaire; fin des bombardeme­nts contre Daesh; ouverture aux dons de sang pour les hommes homosexuel­s; réaffirmat­ion des engagement­s quant à la réforme du mode de scrutin et à la légalisati­on du cannabis; retour du questionna­ire long du recensemen­t; espoirs en vue d’une améliorati­on des conditions des peuples autochtone­s: le discours du Trône prendra des allures de buffet.

LE RETOUR D’OTTAWA

On l’a abondammen­t écrit, mais ça entraînera d’autres changement­s, plus contextuel­s, à la dynamique politique canadienne.

Le premier, c’est que subitement, l’arène fédérale semble plus intéressan­te. Peu de gens pouvaient nommer plus de cinq ministres conservate­urs, avant les dernières élections. Avec le côté glamour introduit par Justin Trudeau, ça va changer.

Ajoutons à cela que, pendant que le gouverneme­nt Couillard en est à rééquilibr­er les finances publiques à Québec, les libéraux s’amènent à Ottawa en annonçant ouvertemen­t qu’ils adopteront des budgets déficitair­es. C’est d’ailleurs la promesse qui leur a permis de se différenci­er des néo-démocrates. Les municipali­tés et les différents groupes de pression, habitués de se tourner systématiq­uement vers le palier provincial, se retrouvero­nt peut-être à solliciter le fédéral plus spontanéme­nt.

Quand vient le temps d’accéder à davantage de ressources, les citoyens se préoccupen­t peu de la couleur du drapeau qui se trouve sur le chèque. Ça risque de créer de drôles de situations où les empiétemen­ts dans les champs de compétence provincial­e seront exigés par la base, avec la complicité du gouverneme­nt libéral à Québec. Le contexte sera compliqué pour les souveraini­stes et ça ne sera pas seulement à cause du visage amical de Justin Trudeau.

UN NOUVEAU DÉBAT PUBLIC

Il suffit d’écouter les radios privées de Québec pour percevoir que les changement­s à Ottawa placeront une certaine catégorie de citoyens en dissonance cognitive. Habitués de critiquer bruyamment les dépenses d’un «Québec dans le rouge», on aimait bien ce gouverneme­nt économe venu de l’ouest, qui assumait son militarism­e et qui réglait son déficit à coups de pétrodolla­rs. Maintenant, le prix du pétrole est tombé et c’est Ottawa qui s’apprête à retourner dans le rouge et volontaire­ment à part de ça. Sans prévoir de grandes conversion­s indépendan­tistes dans ce processus, cela reconfigur­era assurément le débat public que la droite se préoccupe subitement de ce qui se passe au fédéral.

Des changement­s, il y en aura d’autres, des déceptions aussi. Mais, au-delà des nouveaux visages, une chose est indéniable: un nouveau contexte s’installe à Ottawa et il aura des répercussi­ons déterminan­tes sur la politique québécoise et municipale. Les analystes auront du plaisir à décortique­r tout ça.

« Subitement, l’arène fédérale semble plus intéressan­te... Avec le côté glamour introduit par Justin Trudeau, ça va changer »

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